6-Une défense tardive, venue d’ailleurs 

Dès 1946, Robert SERAUT entame toute une série de démarches pour mettre en lumière les réalités d’un système policier et judiciaire dont il s’estime victime, de 1942 à 1945. Le 4 mai, il écrit au Président de la Chambre des Députés, le 18 au ministre de l’Intérieur et à Maurice THOREZ. Ces démarches aboutissent partiellement puisque le 14 août, il bénéficie d’une remise de peine de trois mois. C’est de Paris que vient pour lui un premier soutien qui se révéla décisif. Son compagnon de cellule et de déportation Aimé SPITZ ayant perdu sa trace depuis sa mutation au camp d’Allach a découvert son incarcération après de longues recherche pour le retrouver. C’est par l’intermédiaire du service juridique du Secours Populaire qu’il peut contacter SERAUT. Il peut alors témoigner, de la date de leur rencontre à la prison de Dijon en novembre 1942 à leur séparation à Dachau en octobre 1944, du comportement impeccable de SERAUT. Dans un récit envoyé à Robert SIMON, responsable icaunais du Comité pour la libération des patriotes emprisonnés (CLPE), il écrit le 5 novembre 1948 qu’au cours de sa détention à Dijon, partageant sa cellule, il a pu “ l’étudier ” pour se “ rendre compte que ce jeune garçon était un véritable patriote ”, que pendant les longs mois de déportation au camp du Struthof, ‘“ son attitude… a été digne et celle d’un véritable patriote. Il n’a jamais demandé aucune faveur aux gardiens allemands ni aux SS ”.’

L’intervention d’Aimé SPITZ se conjugue avec celle du CLPE d’Auxerre alors fortement engagé dans la campagne en faveur de PHILIPPOT. SIMON est mis au courant de la situation de SERAUT par Eugène MARLOT, grande figure résistante de la Côte-d’Or, dirigeant départemental de la SFIO qui, à l’instar de SPITZ, a été le compagnon de SERAUT au Struthof. Cette occurrence peut surprendre, si l’on tient compte du contexte de 1948 et de l’extrême tension qui oppose le PC et la SFIO, d’autant plus qu’à ce moment-là, Robert SIMON passe pour être un des plus brutaux pourfendeurs de la politique de troisième force. Il semble que SIMON et MARLOT se soient connus avant la guerre à la Bataille socialiste et que de toute façon la fraternité soudant les anciens déportés comme le sentiment quasi paternel que pouvaient ressentir des hommes comme SPITZ ou MARLOT pour un garçon ayant l’âge de leurs enfants permettaient de dépasser les contingences politiques du moment.

A mi-peine, en août 1946, il bénéficie d’une remise de trois mois. En mars 1948, il est remis en liberté conditionnelle jusqu’en août, date de fin de peine. Malgré les nombreux témoignages venus de déportés notoires confirmés en 1981 (annexe n°81) , il a donc accompli la plus grande partie de cette peine, malgré les faiblesses du dossier d’accusation.

Les histoires de François FLAMAND et Robert SERAUT sont manifestement très différentes, de 1941 à 1945. Elles se rencontrent après la guerre en ce sens que tous deux sont victimes de ce qui apparaît en ces occurrences comme une forme d’acharnement contre des résistants, pour des faits remontant au maquis. D’autres en sont victimes, pour des circonstances cette fois liées aux événements ayant suivi la Libération.