3-Un écho lointain, en terme de bilan politique

Dans le numéro 355 de France d’abord daté du 18 au 25 mai 1950, le secrétaire national de l’Association des anciens FFI-FTPF et de leurs amis, Robert VOLLET se livre à une étrange autocritique en s’interrogeant sur les raisons du soutien insuffisant à un certain nombre de “ patriotes emprisonnés ”, dont KABACINSKY. Il rejette avec vigueur les arguties utilisées à l’époque au sein de l’association à l’égard des maquisards de l’Oisans, sous prétexte qu’ils étaient membres de l’AS, donc politiquement peu sûrs. Il oppose à cette argutie une apostrophe d’un ironie cinglante : ‘“ Les belles raisons ! La solide unité de la Résistance que l’on pourrait construire en restant entre membres du même groupement de résistance et du même Parti ! ”’. La majuscule affectée à “ Parti ” enlève tout doute sur l’organisation visée. A propos de KABACINSKY, après avoir rappelé l’effondrement de “ la machination ” ayant mené à sa condamnation, il s’interroge : ‘“  Là encore, il faudra bien que des camarades fassent leur examen de conscience. A-t-on assez dit en Saône-et-Loire que KABACINSKY était coupable ? A-t-on assez hésité pour engager l’action publique, pour expliquer, pour convaincre ? ”’. Venant d’un des dirigeants majeurs de ce qui deviendra l’ANACR, le propos est d’importance. S’il confirme ce qui a pu être observé localement, que ce soit pour défendre BAR, ALLAIN ou KABACINSKY, il soulève une question politique d’ensemble. En quoi KAKACINSKY était-il indéfendable ? Par sa nationalité ? Par son appartenance à des unités dont les chefs comme le commandant CHARLOT firent preuve d’indépendance d’esprit à l’égard des “ politiques ” ? Parce que son implication résistante faisait ombrage à certains ? La réponse à ces questions dont la protestation de Robert VOLLET est une manifestation d’autant plus révélatrice qu’elle est exprimée dans un organe qui constitue une plaque sensible n’est en rien évidente. Tout cela noue à coup sûr des contradictions au sein du PCF et de la mouvance communiste. Elles opposent ceux qui restent porteurs d’un vision large et fraternelle de la Résistance et les zélateurs d’une ligne de repli sectaire. Dans ce cadre, les avatars des procès de résistants sont de puissants révélateurs des contradictions politiques nouées au cours des années suivant la Libération.