5-Une mémoire repliée ou crispée, toujours douloureuse

Ce qui a pu être reconstitué du parcours des disparus, l’attitude des survivants, le refus quasi général des familles des premiers de témoigner à ce sujet, tout concourt à identifier une grande douleur dans la mémoire constituée à partir de ces moments confus et difficiles.

Cette douleur se manifeste de deux façons. La première est celle du repli gêné, dont Théodore PLONKA est représentatif, largement présent chez les descendants des disparus. Les circonstances judiciaires sont alors perçues comme une tache honteuse sur l’image du résistant, d’où le souhait de “ ne pas remuer tout cela ”. Cette manifestation d’un droit à l’oubli, antagonique au répétitif devoir de mémoire et sur lequel je reviendrai, est ici à prendre en compte, tant il apparaît comme une nécessité pour survivre. La seconde, incarnée par François FLAMAND, s’exprime sur le monde de la protestation indignée, hargneuse, la douleur, tout aussi manifeste, se libérant par une phraséologie vengeresse à l’égard des responsables réels ou supposés des ennuis vécus. L’attitude des associations, n’intégrant pas ou peu cette dimension du combat résistant, ne peut que contribuer à la récurrence de ce malaise.