La façon dont furent prises en compte et traitées les questions politiques soulevées par les choix du PCF de 1939 à la fin de la guerre pèse lourd dans la conscience de nombreux de ses militants et constitue une dimension majeure de la mémoire communiste. Elle s’articule autour de trois aspects : occultation, falsification et à l’égard des militants, marginalisation ou exclusion. Cette attitude porte principalement sur le Pacte germano-soviétique, l’attitude du PCF de juin 1940 au printemps 1941, la conduite du combat résistant et le comportement des détenus politiques dans les camps vichystes, en particulier les cas d’évasion ou de libération obtenues au prix de déclarations favorables à la politique de Pétain comme ce fut le cas d’Antoine TISSIER. Il est manifeste que la grande majorité des résistants communistes ayant eu maille à partir avec l’appareil de leur parti au cours des années suivant la fin de la guerre furent un moment ou un autre, au cœur d’une des quatre situations identifiées. Le traitement auquel ils eurent droit alla alors de la marginalisation politique, en les confinant dans des taches subalternes comme Camille VAILLOT, jusqu’à l’exclusion marquée d’un sceau d’infamie, Antoine TISSIER en constituant une figure caractéristique. Aujourd’hui encore, derrière la volonté affichée de réhabiliter ces hommes 1 , il reste encore beaucoup de réticences à restituer leur honneur à des hommes qui exprimèrent par des attitudes non linéaires les incertitudes des choix de leur parti comme Georges GUINGUOIN ou Antoine TISSIER.
De façon significative, c’est à un cadre issu de Libération, Maurice KRIEGEL-VALRIMONT, que s’adressa la première tentative de réhabilitation.