Les trois points précédents soulèvent inévitablement la question de l’attitude de tous ces résistants communistes réduits au silence, intimés de suivre une politique en discordance avec ce vers quoi les portait leur combat libérateur. Des éléments d’enquête auprès des survivants comme ce qui ressort des archives privées disponibles fournissent trois éléments de réponse.
L’arrivée massive de nouveaux adhérents à partir de la Libération, y compris à des postes de cadres subalternes, contribue à diluer quantitativement les anciens résistants et à insinuer dans leur inconscient l’idée qu’ils ne sont peut-être plus en situation. Aux témoignages cités d’André VAREYON pour l’Ain et Paulette ASMUS pour la Côte-d’Or s’ajoute un rapport révélateur des RG au sujet du premier congrès fédéral d’après-guerre, les 22 et 23 décembre 1945 à Dijon 1 . L’auteur du rapport transmet la liste des 23 membres du nouveau comité fédéral et avoue piteusement que 7 d’entre eux sont inconnus et sont “ non encore fichés ”.
Le travail d’héroïsation de la figure résistante vient en contrepartie de cette mise en retrait. Les exposer, les célébrer, les décorer, les magnifier était aussi une façon de les priver de capacité politique.
Enfin la brutalité des débats politiques, la montée vers la fracture de 1947, à échelle nationale et internationale, contribuent à susciter un climat de citadelle assiégée, engendrant une véritable paranoïa lourde de cohésion factice et d’occultation de ce qui peu diviser.
Il est alors loisible de conclure que le PCF a largement contribué à la défaite politique de la fraction la plus avancée politiquement de la Résistance. Ses choix successifs dès lors qu’il est clairement engagé dans le combat résistant le portent à privilégier la préservation de son appareil, à participer à la restauration de l’Etat républicain, à exclure toute autre hypothèse politique. En cela il fut bien une force conservatrice, s’opposant de ce fait à toute une partie de ses militants anciens résistants.
AD21 40M233.