1-Une mémoire fidèle, apaisée, baignée de générosité humaniste :

Cette forme de mémoire se manifeste chez des acteurs fortement attachés à ce que furent leurs engagements, convaincus que ceux-ci relevaient d’une nécessité, d’une logique en harmonie avec ce qu’ils ont choisi d’être. Elle s’exprime avec une grande capacité de distance par rapport à ce qui les éloigne de ce qui leur paraît essentiel et avec une grande ouverture aux autres, bien au-delà de querelles organisationnelles, héritées ou actuelles. Victor et Chantal LOIZILLON, anciens du célèbre maquis de Cluny incarnent fortement cette forme de mémoire, que l’on retrouve aussi chez un résistant pourtant issu d’une histoire très différente, Roger TRAMOY 1 . Elle est souvent liée à une certaine réserve à l’égard de la notion de devoir de mémoire, jugée trop insistante. Elle va le plus souvent de pair avec une grande modestie ; ceux qui la manifestent estiment qu’ils n’ont alors fait que ce que leur conscience, leurs convictions et les circonstances leur imposaient. Mme JOUY qui fut un agent de liaison d’un des membres de l’EM FTP de Saône-et-Loire, Georges GENIN-GUY, aborde ce que fut son engagement avec une grande prudence et une distance faite de modestie et d’humour, surprise d’être prise en considération pour un engagement qu’elle conçoit comme naturel.

Notes
1.

Voir supra partie II, chapitre 4. Cet ancien militant communiste de chez Renault-Billancourt de 1936, ancien permanent fédéral après 1945, professe aujourd’hui une grande distance avec les formulations politiques passées. Distancié et sans amertume, il tient à ne garder que la dimension humaniste de ses engagements.