Non exclusive de la précédente, c’est la forme de mémoire rencontrée chez les résistants engagés dans les associations diverses, ANACR, CVR, Rhin-Danube, FNDIRP, amicales de maquis. A la conviction que les anciens résistants doivent tout faire pour diffuser le legs dont ils estiment être porteurs, ils associent le plus souvent la volonté de défendre des droits acquis par leur combat. Cela engendre une sorte de syndicalisme portant entre autres questions sur les attributions de cartes des CVR, sur la forclusion. Soucieux de défendre une image positive de la Résistance, décidés à juste titre à combattre les courants négationnistes, ils peuvent se comporter de façon conservatrice à propos de questions délicates que soulève l’histoire de la Résistance. La mouvance communiste est très représentative de ce comportement, ne cédant que très progressivement et non sans réticences sur les mythes constitués par l’historiographie officielle du Parti après la guerre et surtout dans le contexte fiévreux de la guerre froide. Des comportements identiques se retrouvent dans toutes les associations. Ils s’expliquent bien entendu par le souci de sauver l’essentiel du legs, nourrissant l’illusion que les mythes y contribuent, sans percevoir que les plus solidement ancrés finissent par tomber, au détriment de leurs auteurs et de leurs intentions. Ils provoquent aussi des réticences à remettre en question l’histoire officielle établie au service de la politique d’un moment. Les démarches pour une réhabilitation 1 d’Antoine TISSIER au sein de l’ANACR de Saône-et-Loire suscitent beaucoup de réticences tant son histoire touche à des moments délicats de l’histoire communiste.
Le terme est pris ici dans le sens défini en 1762 par VOLTAIRE, de “ fait de restituer l’estime perdue ”.