Partageant l’essentiel des présupposés de la précédente, cette forme de mémoire s’en distingue par la vigueur, la violence parfois, de ses manifestations. Elle est le fait d’écorchés vifs, menant depuis un demi-siècle le même combat, contre les mêmes personnes ou organisations, défendant les mêmes causes. Issus de deux traditions bien différentes, deux hommes en sont des représentants caractéristiques, François FLAMAND et Paul MATRIOLET. Le premier a consacré son temps à la stricte défense de la mémoire de son maquis, s’en prenant pour cela à la quasi totalité des autres organisations, d’origine AS ou FTP. Il prit en charge, au nom de l’amicale du maquis, la réalisation de traces matérielles de l’histoire de celui-ci. Paul MATRIOLET continue, à 98 ans, à vitupérer contre les ‘“ staliniens du parti de la rue Saint-Etienne ”’ ‘ 1 ’, dénonçant la manipulation de l’image de son chef Roland CHAMPENIER, sa récupération par ceux-là mêmes qui ont tout fait pour l’éloigner en 1944. Il se réclame d’une fidélité à une figure de “marxiste, bolchevique, jusqu’en 1917 ”, énoncé politique considéré comme l’ultime concentré de ses convictions. Cette forme de mémoire est à la fois attachante et difficile : attachante par l’absolue fidélité de ceux qui en sont porteurs à ce qu’ils furent et à ceux qui combattirent à leurs côtés ; difficile parce qu’elle s’est constituée un discours fini, cadenassé, dont il est difficile dans l’interlocution d’extraire des clefs nouvelles. Paul MATRIOLET, toujours en alerte, est en permanence à l’affût d’une entorse à ce qu’il considère être la véritable histoire de la résistance nivernaise. A la moindre de ces entorses, il intervient publiquement pour rétablir la réalité des faits.
La formule désigne la direction fédérale, dont les locaux sont sis dans cette rue de Nevers.