L’hypothèse initiale de ce travail était celle de la défaite politique et de la répression subie par des résistants de Bourgogne, sans que ces derniers aient d’autre détermination que d’être de ces défaits.
Partager un sort commun suffit à constituer un élément d’unité, de même que l’identification de ce qui fut vaincu. Ce qui précède permet d’aller cependant un peu au-delà, de chercher si tous ces acteurs partageaient des aspects qui les rendaient inacceptables et vulnérables dans la France libérée.
De prime abord bien peu de choses, sinon rien ne les constitue en une catégorie homogène. Ce sont des femmes et des hommes divers, par leurs origines, leurs parcours, leurs personnalités, le niveau de leurs responsabilités. En cela, ils sont pleinement représentatifs du phénomène éclaté que fut la Résistance, sublimant cette réalité autour de l’engagement antifasciste et patriotique.
C’est par le prisme des situations rencontrées que s’esquissent des pistes d’identification. La récurrence de références, le plus souvent restrictives, au maquis et à son héritage en termes de pratiques administratives ou politiques, identifient une première piste. Le maquis, dans sa nouveauté historique, s’il constitue pour ceux qui en sont issus, une référence glorieuse, est rapidement perçu dans tout ce qui échappe à la construction mémorielle, comme n’étant plus de mise. Un homme comme MILLERAUD-MAX est pleinement représentatif d'une figure issue du maquis et confiné dans des taches subalternes et insupportables donc rapidement exclu de tout poids sur l'évènement. Ceux des résistants qui à l’inverse des restaurateurs pensaient qu’une France nouvelle exigeait d’y insuffler une part de la dynamique maquisarde se retrouvèrent dès lors en décalage avec ce qui se rétablissait et ceux qui y contribuaient. Ce fut le cas d’hommes et de femmes engagés dans les comités de Libération ou à des postes administratifs, de militants communistes s’opposant aux reprises en main d’un appareil un temps déconnecté de ce qui avait été leur combat. Ils avaient, comme résistants, été hétérogènes à bien des réalités nationales des temps d’occupation. Ils se retrouvaient dans une autre hétérogénéité cette fois, face aux forces de restauration.
Cette hétérogénéité n’avait d’ailleurs rien d’unilatéral, ce qui en rendit la perception immédiate moins limpide qu’aujourd’hui. Les espoirs de transformation profonde du pays allaient le plus souvent de pair avec un respect sourcilleux de la légalité républicaine, d’un fort attachement à l’ordre nécessaire à la paix civile. Un homme comme Claude ROCHAT est très représentatif de cette tension, sinon contradiction, entre la volonté de bousculer les vieux cadres préfectoraux, d’y faire entrer le souffle juvénile du maquis et le souci de remettre son arrondissement en route en associant les plus de gens possibles, dans un permanent souci de paix civile.
Un certain nombre de cas rencontrés au cours de cette étude ne relèvent pas de cette catégorisation. Des hommes comme André BLANC ou Marcel ASMUS ne présentent pas, du fait de leur parcours universitaire pour le premier, politique pour le second, une quelconque hétérogénéité par rapport à ce qu’est alors la politique de leur parti.
Ils partagent avec Paul MATRIOLET, Jean RITOUX ou Louis BOUSSIN d’avoir été au cœur de situations difficiles ou de connexions difficilement intégrables dans une construction mémorielle simplificatrice. ASMUS, BOUSSIN, RITOUX, outre leurs responsabilités au sein des FTPF, ont en commun d’être liés à la difficile libération d’Autun. La référence explicite à cet événement dans les motifs d’exclusion d’ASMUS, le doute délibérément semé sur la responsabilité des deux autres dans l’échec de l’initiative du maquis Valmy constituent suffisamment de convergences pour pouvoir avancer qu’ils ont payé pour que la lumière ne soit jamais faite sur cette difficile histoire.
Le cas d’André BLANC, parce qu’il recoupe d’autres situations de nature identique, permet d’avancer un autre type de réalités difficilement intégrables dans la mémoire officielle constituée immédiatement après la guerre. Il porte sur les résistants qui se trouvèrent dans des situations qui voyaient collaborer des structures relevant de dispositifs rivaux, comme le FN et le BOA en Côte-d’Or. La double mythologie organisée après la guerre ne pouvait intégrer aisément de telles réalités, pourtant bien naturelles, mais en décalage avec le contexte nouveau de la guerre froide. Dès lors, ceux qui en avaient été les acteurs n’avaient plus de place et devaient être écartés.
Ainsi s’esquisse une figure possible de ceux qui furent défaits. Hétérogènes au processus restaurateur, non intégrables dans une construction mémorielle imperméable aux figures complexes, ils étaient finalement trop proches, sinon les plus proches de ce que fut la réalité résistante, dans sa diversité, dans sa nouveauté radicale. De ce fait ils n’avaient pas de place durable dans les processus politiques et leur figure ne pouvait être intégrée comme telle dans la mémoire résistante. Pour la conformité de ces processus aux volontés restauratrices, pour la tranquillité de cette mémoire peu encline à la complexité, il fallait les écarter puis les effacer. Ils le furent.
LE CHOC DE L’INSTANT ET DE LA DUREE, DU TEMPS COURT ET DU TEMPS LONG : LA VICTOIRE DE L’ANCIEN SUR LE NOUVEAU
La période qui a suivi la Libération et que tout ce qui précède permet de limiter à la première année de liberté appartient à ces rares moment de l’histoire où se mettent en mouvement dialectique ce qui relève de la durée, des permanences, des structures enracinées et ce qui surgit dans l’instant, porteur de rupture et de nouveau. Elle appartient de ce fait à ce que Moses I. FINLEY identifie comme les moments d’invention de la politique 1 . En l’occurrence, elle met en vis-à-vis un projet cohérent d’organisation de la transition politique dont les ordonnances d’avril 1944 sur l’organisation des pouvoirs à la Libération constituent un des socles et ce qui a été identifié comme un espoir, un rêve, une dynamique, mais pas un projet pensé. Le premier terme de ce face à face exprime sans détours la volonté politique de rétablir les cadres locaux de la République et d’appuyer le retour à l’ordre sur une armature préfectorale dont la légitimité de leurs nouveaux responsables suffirait à effacer le dévoiement vichyste. Sa force et sa légitimité résident dans son enracinement dans l’histoire longue, dans le fait que ces cadres de la République défunte sont perçus comme des conquêtes et comme des garants. Cette volonté restauratrice est confrontée au surgissement impétueux de la contestation de la légitimité de structures qui ont fait faillite en 1940, du juvénile espoir de fonder un ordre nouveau, appuyé sur la dynamique de la Résistance.
Dès 1945 l’issue de cette confrontation est clairement identifiable, et un homme comme Claude BOURDET ne s’y est pas trompé. La France d’une Quatrième République encore à la recherche de solutions institutionnelles retrouvait pour l’essentiel les voies politiques de la précédente, pourtant associée à la honte de la défaite de 1940. La victoire des permanences sur les ruptures était accomplie.
Au sein de cet affrontement un aspect révélateur concerna le choc des appareils et des individus, appareils d’Etat comme la police et la justice, appareils politiques comme celui du PCF par son poids et ses rigidités, mais aussi on l’a vu, celui d’une SFIO en pleine reconstruction.
Le choix gouvernemental est bien connu d’une épuration limitée des appareils de l’Etat, en particulier ceux que la collaboration puis l’épuration mettaient en première ligne de la situation politique, justice et police. La thèse de sa nécessité pour éviter à la France un déchaînement violent ne manque pas d’arguments. Il n’empêche que des hommes et des femmes furent broyés par cette machine policière et judiciaire, parce que leur figure résistante ou leurs comportements à l’issue de la Libération n’étaient pas en phase avec les nécessités du moment.
Opère de façon proche la reprise en main du PCF. Les temps de Résistance ont amené son appareil à beaucoup louvoyer entre ses pratiques héritées et les nécessités du moment. Les relations entre la direction du parti et les FTPF en sont une riche illustration. De l’anarchiste espagnol Simo CONSTANTINO-CASTAGNE à Georges GUINGOUIN, les exemples sont nombreux de cas et de situations où il a fallu composer finalement avec ceux que l’on avait combattus ou qui incarnaient une forme de guerre de libération non conforme à la ligne politique de l’insurrection nationale. Là aussi, la situation, ouverte à la Libération, se referme rapidement au profit de l’appareil. Certes il fallut plus longtemps que dans l’Etat. Mais ce qui se passe en 1950-1952 constitue l’ultime épisode des reprises en main de 1945-1947. L’éloignement de toute responsabilité de celui qui avait osé rappeler à la compagne du premier secrétaire du PCF que lui n’était pas à Moscou pendant l’occupation, blasphème suprême, symbolisait la défaite définitive de ce que beaucoup de maquisards communistes ou sympathisants avaient espéré.
Il en est de même des femmes. Certes l’histoire officielle en retient la conquête du droit de vote, chichement voté par une Assemblée consultative d’Alger loin d’être unanime. Certes leur implication dans le combat résistant comme leur part de souffrance dans les camps furent saluées. Il reste que, prolongement de leur confinement dans des taches considérées à tort comme subalternes dans l’acte résistant, elles retrouvèrent en grande partie la position qui leur était faite avant la guerre. Les programmes politiques comme les cahiers de doléances préparatoires aux EGRF sont tout empreints d’un moralisme lénifiant à propos de la sexualité et de la volonté de confiner la femme à ses taches domestiques et maternelles. Là aussi l’ancien l’emporta sur les élans libérateurs, là encore les appareils d’Etat, y compris l’Education nationale, religieux et politiques y contribuèrent. Le PCF ne fut pas en reste. Son conformisme sur les questions de la famille et de la sexualité fut absolu, formulé plus tard jusqu’à la caricature pas les propos de Jeannette VERMEERSCH sur la pilule “ arme des trusts ”. Il fallut que des femmes et des hommes, plus tard, se libèrent avec cette emprise pour imposer la rupture majeure que fut la libération des femmes.
Dans cette confrontation entre les héritages et les inventions, donc entre permanences et ruptures, ce sont bien les premier termes de ces alternatives qui l’emportèrent. Il y a donc là double confirmation de la césure opérée entre le temps du combat libérateur et celui de la reconstruction et de la défaite de ce que la Résistance avait fondé de nouveau.
DE LA DIFFICILE MEMORISATION DE CETTE DEFAITE
La construction de la mémoire résistante, dans sa forme collective, s’est faite pour l’essentiel sur la base de la figure héroïque et victorieuse du combattant. Elle n’a donc pas, ou bien peu, intégré ce qu’il advint par la suite. De la sorte elle a renforcé la césure constatée de part et d’autre de la date de Libération.
Ce fut la fonction des mythologies de tenter de rendre cela intégrable et vivable par chacun. L’analyse des différentes formes de mémoires a montré qu’ont survécu des perceptions difficiles de situations douloureuses vécues après la Libération. La double mythologie gaulliste et communiste, et pour une grande part l’histoire officielle, étaient difficilement conciliables avec ces mémoires douloureuses. Mais cela ne donna pas de réelles situations de rupture. Les seules manifestations furent sur le plan individuel une sorte de repli silencieux et sur un plan structuré l’organisation de formes de mémoire limitées à de petits groupes, liés à une histoire particulière.
La première situation est surtout fréquente chez des communistes ayant eu maille à partir avec leur parti. Le choix du silence procédait alors de la conviction qu’il n’y avait rien à faire face à l’appareil politique. La vigueur des antagonismes des temps de guerre froide engendrait la conviction qu’il convenait de ne rien faire qui favorise l’ennemi. Faute de pouvoir proclamer que l’on fut un paria de son propre camp, il était alors loisible de laisser dire que l’on était du camp des parias. L’attitude de Théodore PLONKA mais aussi de nombreux cadres FTP ou du PC comme Robert SERAUT ou Paul PISSELOUP relèvent, à partir d’histoires personnelles très différentes, de cette démarche.
La résistance à l’effacement a cependant donné des formes organisées, en rupture avec les grandes associations, CVR ou ANACR. Si la plupart des amicales de maquis ne sont pas en antagonisme avec l’une ou l’autre, quelques occurrences montrent qu’il est arrivé que ce soit explicitement en situation de rupture que certaines se sont constituées. L’exemple analysé de l’Amicale du Groupement FTP de Nièvre et Cher en est une illustration spectaculaire. La brutalité de la rupture de 1970, l’agressivité récurrente qui oppose les dirigeants de cette amicale et l’ANACR de la Nièvre, l’enjeu que constitue la possession de la mémoire de Roland CHAMPENIER identifient une situation particulière. D’autres cas relèvent moins d’une volonté de rupture que de celle d’affirmer ce qui ne serait pas intégré dans une mémoire élargie. Cette forme particulière de la mémoire de petits groupes est très intéressante, tant elle exprime la réalité éclatée de la Résistance, comme le fait que des hommes ne se retrouvent pas dans la mémoire collective. En sont l’expression la volonté d’un MARIUS de donner priorité à l’organisation de la mémoire de son seul maquis, même si ses inclinaisons idéologiques l’orientaient vers l’ANCVR, comme le travail de l’amicale du groupe BAYARD du Jovinien pour se doter d’un musée dont la réalisation constitua de longues années l’axe de travail du groupe. Ces manifestations de la mémoire de petits groupes peut d’ailleurs vivre au sein des grandes structures. En Saône-et-Loire, la section de la Côte chalonnaise de l’ANACR, fortement identifiée au maquis Jean PIERSON et à la figure de ce dernier, affirme volontiers sa singularité. Rien en l’occurrence n’identifie une sorte de localisme désuet. Il s’agit au fond de la formulation de ce qui est perçu comme une singularité et de la volonté de la formuler. Une solidarité sans faille, une large ouverture d’esprit, une profonde méfiance à l’égard des appareils étatiques ou politiques, la conviction qu’une autre voie était possible à la Libération en constituent les socles fondamentaux.
Ces formes dispersées, à échelles différentes, de la mémoire résistante traduisent certes le caractère complexe du combat libérateur. Mais elle est donc aussi l’expression fragile, ponctuée de silences, de cris, de la difficulté d’intégrer à une mémoire héroïque et victorieuse les difficultés individuelles ou de petits groupes.
Ceci constitue la trace durable de la défaite politique de certains résistants et en devient par là même un élément puisqu’elle rend difficile toute démarche visant à restituer les individus concernés dans la réalité de ce qu’ils furent. C’est dire que leur histoire est à la fois nécessaire à une intelligence des situations, difficile mais possible.
DE LA NECESSITE ET DE LA POSSIBILITE DE FAIRE L’HISTOIRE DE CETTE DEFAITE
Si faire de l’Histoire consiste d’abord à tenter d’établir ce qui fut et d’en dégager au moins des parcelles de sens, il s’avère nécessaire d’identifier et de prendre en compte tous les aspects de la France libérée, y compris ceux qui d’emblée détonnent avec les mythes constitués.
Partant de là, s’impose donc la nécessité de restituer les acteurs dans la complexité de leur parcours mais aussi dans leur propre rapport subjectif à leur histoire. Ce rapport change, nous l’avons vu pour plusieurs d’entre eux, au choc des événements, de la conjoncture et du travail de mémoire. Ce changement devient alors lui-même objet d’interrogation, source de sens. Une telle approche pour être totalement féconde doit s’appuyer en permanence sur tout un système de va-et-vient, entre témoignage oral et source écrite, perception individuelle et collective, petit groupe et grandes structures, échelle locale et échelle nationale. Elle ne saurait renoncer à l’apport fécond de démarches issues de disciplines proches comme l’anthropologie et l’ethnologie. Alors peuvent alors être validées des affirmations globales, des réalités généralisables, ou tout au contraire identifiées des singularités qui apportent aux précédentes une touche de complexité.
Cette démarche nécessaire se heurte bien sûr à une double difficulté : celle du rapport établi subjectivement avec les faits et celle du rapport instauré avec des acteurs survivants. Pierre LABORIE a identifié ces deux difficultés 1 . Lorsqu’il énonce qu’il ‘“ y aurait autant de ridicule que d’imposture à laisser supposer qu’un historien dans ce pays puisse disserter sur ce que la Résistance a représenté et sur ceux qui l’ont faite avec un détachement imperméable à l’émotion et à toute trace de passion ”’, il touche à ce qu’à pu percevoir tout un chacun. Ce constat entre alors en brutale confrontation avec l’exigence de démarche positiviste avancée par François BEDARIDA 1 . Nulle impossibilité ne naît de cette confrontation. Tout au contraire, tout en préservant la part d’émotion, elle assure de ne pas être prisonnier d’un “ discours sacralisé ” constitué par des “ gardiens ” vigilants 2 . A nouveau les va-et-vient identifiés plus hauts opèrent comme de véritables sentinelles. Reste, concernant la période considérée et la thèse défendue, la difficulté identifiée par Michèle PERROT 3 . Les enquêtes menées ont confirmé qu’il est parfois difficile de revivifier une mémoire douloureuse, enfouie pour vivre. Au terme de la démarche s’impose l’idée de la nécessité de savoir s’arrêter parfois, par respect d’un droit à l’oubli qui doit l’emporter sur un devoir de mémoire insupportable. Mais cela ne porte pas sur une grande majorité d’acteurs survivants, dont la disponibilité a pu être constatée et mise en œuvre.
Est alors possible une telle démarche, avec l’objectif de contribuer à une “ histoire critique ” faisant pièce à une “ histoire mythique ” 4 . Cela suppose de se dégager des simplismes, de la révérence aux grands hommes associée à l’oubli des “ gens de peu ”, de prendre en compte l’aspect éclaté du fait résistant et complexe de la période suivant la Libération.
A ces conditions la réalité de la défaite d’une part de ce que fut la Résistance peut alors être établie, tout en restituant les individus dans la totalité de ce qu’ils furent, sans héroïsation aveugle, sans condescendance pour n’avoir pas réalisé tout ce qu’ils avaient rêvé sans en avoir ni la pensée ni la politique. Alors s’éclaire le sens de la véritable répression qui s’abat sur ceux qui n’étaient pas en adéquation avec une image pieuse et mythifiée du héros, alors les difficultés et la diversité des mises en forme d’une mémoire résistante se manifestent comme expression de cette défaite.
Enfin, et même si ce n’est pas l’objet de ce travail, il est loisible d’avancer in fine que cette investigation sur une partie du fait résistant apporte un éclairage à la compréhension des premières années de la République restaurée et constitue une clef supplémentaire à la compréhension de cette période. Outre la prise en compte d’aspects minorés par des démarches privilégiant le jeu des structures, l’analyse des rapports de force, les énoncés officiels, elle renforce l’idée que dans les situations postérieures à la Libération, beaucoup prend racine dans ce qui la précède. Tout particulièrement , ce qui fut effacé après avait été déjà minoré avant. Le choix de l’insurrection nationale et la construction politique du CNR préparaient l’effacement de ce qu’une situation exceptionnelle avait engendré de radicalement nouveau : les maquis et dans une moindre mesure les mouvements.
ALORS SE MIT EN ŒUVRE L’INEXORABLE MACHINE A EFFACER, EFFACER DES HOMMES DE LA MEMOIRE COLLECTIVE, EFFACER UNE PART DE CE QU’ILS FURENT, EFFACER CE QU’ILS AVAIENT INVENTE. LES VICTIMES ELLE-MEMES EN FURENT PARFOIS COMPLICES, TANT LA MESURE QU’ELLES AVAIENT DE NE PLUS ETRE DES TEMPS NOUVEAUX LEUR IMPOSAIT SILENCE OU RENONCEMENT. LA MEMOIRE S’OPPOSAIT ALORS A L’HISTOIRE. CE FUT L’OBJECTIF DE CE TRAVAIL D’ACCOMPLIR UNE PETITE PART DE CETTE DERNIERE.
Moses I. FINLEY, L’invention de la politique, démocratie et politique en Grèce et dans la Rome républicaine. Flammarion, 217p., 1994.
Pierre LABORIE, “ Historiens sous haute surveillance ”, in Esprit, janvier 1994, Que reste-t-il de la résistance ? p.38-39.
cf Introduction p. 19
Idem.
Introduction p. 24.
Ces deux identifications et la possibilité d’accéder à la première sont avancées par J.P. AZEMA et François BEDARIDA dans Esprit, janvier 1994, “ Historisation de la Résistance ”, p.19.