4.1.2. Le contenu est organisé

Une fois le contenu sélectionné, il convient de l'organiser pour le rendre apte à l'acte d'enseignement. Peu d'originalité caractérise l'organisation du contenu des méthodes. L'ordonnancement des contenus se résume en effet toujours au cheminement du plus simple vers le plus compliqué, comme il l'était à l'ère pré-linguistique des méthodes et à l'ère pré-scientifique des conceptions de l'apprentissage.

Toutefois, la méthode audio-orale, la méthode communicative, le Silent Way, ainsi que l'approche axée sur la compréhension s'attachent à organiser le contenu des apprentissages en suivant une analyse des ressemblances et des différences entre les structures de L1 et de L2 : plus une structure de L1 ressemble à une structure de L2, plus son traitement sera avancé dans la progression.

Pour la méthode SGAV, on remarque une conception quelque peu différente. D'une part, la progression ne suit en effet pas systématiquement le schéma habituel du plus simple vers le plus compliqué. En y adjoignant l'étude sur la fréquence des mots et des structures de L2, on est tenu de suivre une progression qui correspond davantage à la réalité de l'usage de la langue. Les phonèmes étudiés, les mots appris, les faits grammaticaux introduits, le sont en fonction de leur fréquence réelle dans l'usage, moins en fonction de leur degré de simplicité supposée du fait de leur ressemblance avec ceux de L1.

Il n'est en effet pas certain qu'une progression du plus simple vers le plus compliqué soit la meilleure façon de concevoir l'organisation du contenu, et ce, pour plusieurs raisons.

D'abord, parce que la simplicité n'est pas une caractéristique des langues. On sait en effet que la fréquence de l'utilisation d'un mot le rend presque systématiquement irrégulier, et le rend par conséquent plus difficile. Sa disparition dans l'usage a pour effet, sous la pression du système régulier, de le régulariser.

Eliminer systématiquement les difficultés d'une langue parce qu'on est en début d'apprentissage revient toutefois à édulcorer le langage et le rendre totalement inopérant en situation. La motivation des apprenants, surtout en contexte scolaire, risque alors, comme elle le fait trop souvent d'ailleurs, de se dissoudre dans une langue artificielle, créée de toute pièce pour les besoins d'une simplification excessive, afin de suivre une progression logique. Si l'on étudie d'un peu près l'utilisation du subjonctif en français, par exemple, on s'aperçoit d'une fréquence tout aussi grande que le futur dit proche ou le passé dit récent. Or, dans tous les matériels didactiques proposés actuellement, l'utilisation du subjonctif, faussement réputé trop difficile, n'est pas traitée dans le premier niveau, le futur proche, proche d'une structure presque universelle de l'expression du futur en auxiliaire + infinitif, remplace le futur simple, qui sera traité beaucoup plus tard, au détriment de l'expression de l'hypothèse ou du futur dans le passé, dont la forme représentative, le conditionnel, se calque sur la structure du futur simple.