4.4. La paraphrase interlinguale

Deux phrases de structuration différente peuvent avoir la même signification. Deux phrases sont paraphrases l'une de l'autre si elles diffèrent seulement par les suites paraphrastiques de transformations. La paraphrase se réalise si et seulement si deux phrases structurellement différentes ont le même sens. Cette paraphrase peut se réaliser à deux niveaux différents. On opposera donc une relation entre deux phrases sans modification de sens, mais présentant une différence d'ordre syntaxique et une relation entre deux phrases qui représentent des différences de structuration sémantique (changement de vision), tout en transmettant la même information.

La transposition consistant à remplacer une partie du discours par une autre peut être utilisée dans un processus pédagogique pour développer l'expression orale et écrite des apprenants. Il est souvent nécessaire, en traduction, de recourir à ce procédé pour rendre compte d'un substantif dans une langue dont le sens n'existe que sous sa forme verbale dans une autre langue.

Un autre procédé, celui de la modulation, suppose une réorganisation plus profonde des moyens mis en oeuvre dans la langue de départ, car elle envisage des traductions globales de la phrase ou d'un ensemble plus vaste d'unités syntaxiques. Ce n'est plus le plan d'expression qui est concerné par la modulation, mais le changement du point de vue du locuteur sur le plan du contenu. Les modulations sont d'un usage très délicat et supposent de la part du locuteur une connaissance parfaite de la langue cible, une maîtrise lui permettant d'émettre des phrases correctes adéquates, c'est-à-dire de posséder une compétence de communication.

En conclusion, l'analyse des opérations effectuées par les bilingues débutants et surtout l'analyse des erreurs interférentielles démontrent qu'il existe un grand nombre d'analogies entre l'analyse contrastive et la théorie de la traduction. Même si le bilan des résultats de la traduction automatique reste faiblement positif, elle est pour la comparatiste une élément précieux qui rend compte de ces propriétés du langage qui sont impliquées dans le transcodage. La traduction humaine, elle, profite au comparatiste et au professeur de langues aussi bien dans l'élaboration de tables de correspondances que dans les exercices de traduction à l'usage des élèves débutants ou avancés.

Le point de vue contrastif autorise certaines restrictions dans l'application des concepts de la traduction humaine. D'abord, les positions respectives des langues en contact sont irréversibles, le transfert étant toujours unidirectionnel. Ensuite, les solutions en analyse contrastive ont surtout un caractère obligatoire. Fondée sur la typologie comparée, l'analyse contrastive s'attache à établir les conditions qui limitent dans la langue cible l'emploi de telle ou telle forme linguistique. Enfin, on ne retient en analyse contrastive que les cas qui posent problème, qui représentent des points de divergence pouvant entraîner des erreurs.

Toute analyse contrastive orientée vers la solution des problèmes posés par l'enseignement et l'acquisition d'une langue étrangère doit ainsi transformer les équivalences qui sont établies par le débutant en équivalences biunivoques, de sorte qu'à une unité de L1 corresponde toujours une et une seule unité de L2.