5.3. Méthodes d'analyse des erreurs

Dans l'analyse des erreurs, on peut opter pour deux voies d'approche: une approche inductive ou une approche déductive.

Pour la première, le problème le plus grand qui se pose est celui du choix du corpus d'erreurs soumis à l'analyse. En dehors des conditions générales de représentativité et d'homogénéité auxquelles tout corpus doit satisfaire, le corpus d'erreurs présente des aspects spécifiques qui se manifestent dans des rapports quantitatifs entre les erreurs provoquées et les erreurs observées, entre le texte en son ensemble et les erreurs incluses dans le texte (densité des erreurs), entre les différents types d'erreurs (erreurs internes et erreurs interférentielles).

L'approche déductive implique une comparaison des systèmes des deux langues à travers une étude du système de L1, une étude du système de L2 et une étude du système mixte, de l'interlangue du bilingue débutant. En étudiant ce système mixte, on peut élaborer une grammaire générative des erreurs qui anticipe sur les états possibles, c'est-à-dire une lapsologie anticipative. Cette lapsologie anticipative peut être vérifiée grâce à des tests de provocation des erreurs.

Entre les erreurs virtuelles de la lapsologie anticipative et les erreurs actuelles de l'apprenant débutant, il existe un rapport susceptible de situer la grammaire des erreurs au croisement des deux voix inductive et déductive qui implique au moins deux conséquences: d'abord l'importance plus grande des erreurs à base systématique par rapport à celle des erreurs accidentelles; parmi les erreurs virtuellement possibles, seules sont retenues les erreurs qui trouvent un point d'appui dans l'un des deux systèmes en présence. Ensuite, la comparaison des deux systèmes est étayée par une analyse statistique des erreurs actualisées: la fréquence très élevée d'une erreur est un indice de sa répétabilité.