6.2. La stratégie pédagogique

Plus universelle que la grammaire pédagogique est ce qu'on peut appeler la stratégie pédagogique. On peut alors poser comme principes dans une approche contrastive plusieurs éléments déterminants. D'abord, on peut, dans l'enseignement d'une langue étrangère, par des opérations préalables de sélection, obtenir une réponse de qualité supérieure et un rythme plus rapide de l'acquisition de la langue cible. Ensuite, à partir de l'idée que le locuteur peut se laisser influencer par la situation de la langue source qu'il considère comme similaire à celle où il se trouve, l'analyse contrastive peut intervenir dans l'élaboration d'une stratégie personnelle d'apprentissage optimale.

C'est l'analyse en opérations élémentaires en vue de l'élaboration d'un inventaire d'instructions qui sont autant de suites d'opérations logiques se laissant à leur tour décomposer en de nouvelles suites d'opérations d'une part, et l'explication des étapes de la succession des opérations de sélection, ainsi que le déclenchement des appels aux expériences déjà emmagasinées dans la mémoire du locuteur d'autre part, qui conduisent l'apprenant à la production d'énoncés grammaticaux.

Les données fournies par l'analyse contrastive des deux langues impliquées dans l'enseignement participent aussi à l'élaboration de sous-programmes élémentaires où l'apprenant peut trouver les informations lui permettant d'éviter les erreurs interférentielles.

En conclusion, l'analyse contrastive n'aurait qu'un intérêt linguistique relatif si l'on se contentait de lui assigner un rôle descriptif de la langue. Il faut chercher sa justification dans l'interaction enseignant-apprenant. Toutefois, les tâches dévolues à l'enseignant se diversifient et se multiplient. Il lui sera en effet nécessaire de cerner les difficultés auxquelles se heurtent ses apprenants, de mettre à leur disposition des informations rigoureuses, de décrire un grand nombre d'opérations ordonnées, de vérifier la conformité des réalisations des nouveaux bilingues avec les normes de la langue cible, enfin d'ordonner et d'adapter son programme didactique et méthodologique en fonction des erreurs enregistrées dans les divers points du système. L'analyse contrastive permet la réalisation de ce programme par la comparaison systématique des deux langues en contact et par l'analyse des erreurs interférentielles.