Chapitre 5
Approche anthropologique de la contrastivité

L
'interprétation des signes concrets de la présence effective de la contrastivité chez l'homme et de son caractère inné en fait une herméneutique à la fois anthropologique et ontologique. Elle est anthropologique dans la mesure où elle est humaniste voire humanisante, car elle a des implications sur l'homme en société : perception et interprétation de sa présence, prise de conscience de l'altérité. Elle est ontologique dans la mesure où elle fait partie de la connaissance de l'être en soi, car la contrastivité est un phénomène conduisant à la découverte et à la connaissance de l'être lui-même, à la prise de conscience de la différence ontologique de l'autre dans une identité culturellement anthropologique.

En quoi cette herméneutique constitue-t-elle un invariant dans la diversité propre à l'anthropologie culturelle et dans l'unicité ontologique de l'être de l'homme ?

La contrastivité est présente partout chez l'homme en tant qu'individu, mais elle est de plus au coeur de l'homme sociétal en formation.

Si l'on tente d'esquisser une phénoménologie de la contrastivité, on se rend compte qu'elle touche à la plupart des domaines anthropologiques d'abord et ontologiques ensuite.

C'est ainsi que l'on peut mettre en évidence la présence de l'acte contrastivant dans l'action de percevoir d'abord, que l'on peut en étudier les effets en rapport avec l'acquisition de la compétence langagière ensuite, puis à l'intérieur du système de communication pour enfin accéder au sens d'une part - ce qui fait qu'on passe d'un niveau anthropologique à un niveau ontologique. Avec la perception, la connaissance et l'éducation d'autre part, la contrastivité devient un moment du développement de l'homme qui le conduit naturellement de son fondement culturellement anthropologique à un statut d'autonomie ontologique.

La dimension à la fois anthropologique et ontologique du contraste est à rapprocher des réflexions des plus grands penseurs sur les processus aboutissant à la connaissance. On peut ainsi relever dans toutes ces approches, diverses et parfois différentes selon les siècles et les courants de pensée, des divergences, mais à aucun moment on ne remarque d'opposition très profonde. C'est ainsi que, depuis la plus haute antiquité, les contraires, les différences, les contradictions, les oppositions ont chacun été considérés comme les éléments fondamentaux de la perception et, partant, de la connaissance par la tentative de définition de l'unité.