Chapitre 6
Une didactique contrastive

A
la suite de ces réflexions sur l'acquisition et l'apprentissage des langues, où l'on a mis en lumière que la langue maternelle et les langues étrangères ne pouvaient relever de la même logique d'acquisition, de l'analyse des diverses méthodes et méthodologies d'enseignement des langues étrangères selon les contextes d'apprentissage et les nouveautés issues des recherches en didactique des langues étrangères, des questions posées par l'utilisation de ces différentes méthodes et méthodologies, de la définition linguistique et de la clarification conceptuelle d'une approche contrastive, on ne peut faire l'impasse d'une étude plus approfondie de l'utilisation didactique de la contrastivité à l'intérieur des différents domaines que met en fonction l'apprentissage d'une langue étrangère.

Il nous a paru pour cette raison important d'esquisser des propositions pédagogiques dans cinq grands domaines que l'on a dû considérer séparément pour des raisons de commodité et de clarté, mais qu'il convient de lier les uns aux autres dans une approche pédagogique en situation d'enseignement.

On ne peut en effet considérer la langue dans sa seule dimension linguistique, en occultant le contenu culturel qu'elle véhicule. Quelles propositions pédagogiques, sous-tendues par une approche contrastive des deux cultures en présence, peuvent participer à un meilleur apprentissage des contenus culturels de la langue cible ?

L'aspect linguistique ne peut être négligé, puisqu'il constitue la partie la plus immédiatement sensible de la langue étrangère. L'analyse contrastive des syntaxes en présence permet de formuler ici aussi des propositions pédagogiques directement utilisables dans la plupart des situations d'apprentissages.

La langue n'est certes pas assimilable à un recueil de mots ou de lexèmes. Une approche contrastive des difficultés liées à l'apprentissage des séries lexicales ne permettrait-elle pas de résoudre les questions pédagogiques posées par les représentations, par ce qu'on a coutume d'appeler les "faux-amis", par les erreurs dues aux interférences lexicales voire par les antinomies ?

Même les aspects morphologiques d'une langue étrangère peuvent constituer un obstacle difficilement surmontable à l'apprenant d'une langue étrangère. Une approche contrastive ne peut-elle contribuer à une résolution au moins partielle de ces différents obstacles ?

Mais nous décrirons tout d'abord quelques propositions susceptibles d'améliorer la prononciation des apprenants, puisque c'est une des raisons les plus sensibles qui font que la communication connaît souvent des difficultés de réalisation à cause, soit d'une prononciation qui empêche la communication de se dérouler de façon optimale, soit d'inhibitions de la part de l'apprenant en situation d'apprentissage institutionnelle empêchant parfois jusqu'au désir même d'expression.