1.2.3. Erreurs allophoniques

Les erreurs allophoniques concernent les simplifications, voire les réductions que l'on rencontre dans certaines positions de mots, mais aussi dans des sous-systèmes sociaux ou régionaux de certaines oppositions phonémiques du système de la langue standard. Les raisons peuvent en être internes à la langue (occurrence peu fonctionnelle d'une opposition) ou externes à la langue (par exemple d'origine sociolinguistique), elles n'en demeurent pas moins inégales dans les deux langues considérées. Elles doivent dès lors être considérées comme une nouveauté dans la langue étrangère ou disparaître d'une langue qui ne connaît pas cette règle supplémentaire.

Pour illustrer cette sorte d'erreurs, il suffit de prendre comme exemple le cas du dévoisement des consonnes finales de l'allemand. Alors qu'en initiale, ou en position intervocalique, on différencie nettement les consonnes occlusives voisées /b/, /d/, /g/ des consonnes occlusives non voisées /p/, /t/, /k/, les premières se dévoisent en fin de mot : "Buch" [bux], "Leben" [lebn], mais "lieb" [li:p].

Phonétiquement, il s'agit en allemand dans une certaine position - ici en finale de mot - d'une disparition de l'opposition consonantique voisement/non-voisement par laquelle les deux consonnes normalement différenciées dans les autres positions - initiale ou intervocalique - se fondent en un seul phonème.

En français, en revanche, cette distinction due au voisement ou au non-voisement de la consonne est respectée dans toutes les positions : "bonbon" [bõbõ], et "lab" [lab].

Si l'on n'y prête attention lors de l'apprentissage, l'apprenant germanophone ne pourra que difficilement se défaire de cet 'accent germanique' qui repose pour une bonne part sur le fait que cette distinction n'est pas suffisamment respectée et que cette absence de différentiation entre les consonnes occlusives voisées et les consonnes occlusives non voisées que l'on constate en allemand se reporte dans la prononciation française de l'apprenant germanophone. Cette absence de différentiation peut également plus ou moins gêner la communication puisqu'on peut la considérer négativement comme un germanisme, voire confondre des sens uniquement à cause d'elle : "Gab'" [gab]~[gap] "Gap", "coude" [kud]~[kut] "coûte", "bègue" [bg]~[bk] "bec".