4. Contrastivité et syntaxe

Un dernier domaine purement linguistique concerne l'utilisation didactique de la contrastivité dans l'enseignement d'une langue étrangère, celui des syntaxes de L1 et de L2. Quelles propositions pédagogiques concrètes la contrastivité peut-elle contribuer à apporter à l'enseignement des langues étrangères ?

On a pu constater d'une part que la fréquence élevée des erreurs dues à des causes syntaxiques est comparable à celle des erreurs d'interférences phonétiques ou phonologiques. D'autre part, la syntaxe constitue le domaine où la structure superficielle de la langue cible ne rend pas toujours compte, d'un point de vue fonctionnel mais aussi sémantique, de façon adéquate de la structure de la langue source comme, par exemple, pour ce qui est des cas.

Les difficultés pratiques d'apprentissage peuvent cependant être attribuées moins à la structure et à la théorie de la syntaxe. Certes, la syntaxe est différente selon les langues, mais, dans l'ensemble, elle reste relativement facile à saisir puisqu'elle fait preuve de traits universels si l'on admet qu'il existe une différenciation typologique qui regroupe les langues selon leurs types "analytique", "synthétique" ou "agglutinante".

En outre, un nombre élevé d'erreurs peut être attribué à ce qu'on peut appeler l'interférence terminologique. Ces erreurs sont dues au fait que la terminologie grammaticale rend compte de faits de langue présents dans chacune des langues en présence, mais ces phénomènes peuvent varier considérablement d'un langue à l'autre. Il suffit de prendre pour exemple le mot subjonctif en français et le mot Konjunktiv en allemand. Ces deux mots désignent des modes qui n'ont pas la même valeur dans les deux langues, bien qu'ils soient fréquemment ressentis comme recouvrant les mêmes phénomènes syntaxiques. Sans une explicitation détaillée préalable des conditions d'emploi de chacun de ces phénomènes, un francophone apprenant l'allemand ne comprendra pas les conditions d'emploi du Konjunktiv, et, inversement, un apprenant germanophone de l'allemand utilisera systématiquement le subjonctif dans le discours indirect. Une confusion terminologique se solde donc par une représentation syntaxique erronée de la langue d'apprentissage que les matériels d'enseignement passent trop souvent sous silence, et dont les enseignants ont des difficultés à concevoir l'importance. Il en est de même pour les descriptions des cas où les termes utilisés en français de "complément d'objet direct" ou de "complément d'objet indirect" ne trouvent leur justification que dans le fait que les termes latins représentant les cas, nominatif, accusatif, datif ou génitif, n'apparaissent pas dans les descriptions grammaticales classiques.

Pour ce qui est des propositions pratiques d'utilisation de la contrastivité dans l'enseignement du français langue étrangère, nous aurons recours à deux domaines de la syntaxe qui nous paraissent symptomatiques des difficultés rencontrées par des apprenants germanophones : celui concernant l'ordre des mots et celui se rapportant au système des temps.