4.2.2. Emploi et fonction des temps en français et en allemand

4.2.2.1. Le présent

Dupré affirme que le présent en français sert à indiquer un fait habituel "Je vais tous les jours à Angers", un fait général, indépendamment de toute valeur temporelle, tel qu'on l'exprime dans un proverbe, une maxime ou un théorème ("Deux et deux font quatre", "Qui se ressemble s'assemble", mais aussi pour indiquer un fait passé récent ("Je viens de chez lui"), un futur proche ("Je descends à la prochaine station", "Un pas de plus et je tire !"). Il convient de signaler également le présent dit de narration, procédé stylistique littéraire, mais que l'on peut entendre parfois chez les narrateurs passionnés et qui met en relief le fait essentiel, ainsi que le système des conditionnelles où le présent exprime un réel futur ("Si vous êtes là demain, je vous parlerai")277.

L'usage du présent en allemand ressemble fort à celui du français. Toutefois, il est remarquable que les contenus décrits dans la conscience du locuteur se déroulent toujours dans la proximité immédiate du présent. C'est ainsi que des événements périodiques ("Sie besucht mich jede Woche"), un acte habituel ("Er raucht"), des sentences et des faits généralement reconnus ("Luft ist leichter als Wasser") sont exprimés au présent. Des états qui sont appelés à durer après le moment présent utilisent également le présent ("Er lebt in München").

Comme on peut le constater, l'absence de différence notable entre l'emploi du présent en allemand et en français ne peut être à l'origine d'interférences, et on peut en déduire que ces deux temps ne peuvent constituer, que ce soit pour l'apprenant francophone de l'allemand ou pour l'apprenant germanophone du français, une source d'erreurs impliquant la mise en place de processus contrastifs didactiques spécifiques.

Notes
277.

Cf. DUPRE, P. (1972), Encyclopédie du bon français dans l'usage contemporain, difficultés, subtilités, complexités, singularités, Trois tomes sous la présidence de Fernand KELLER, Trévise, Paris. Cf. en particulier tome III pages 2073 et 2074.