5.2.3. Approche de la culture cible en situation

Le Centre International d'Etudes Françaises propose aux étudiants étrangers du niveau supérieur une recherche personnelle sur un sujet se rapportant au thème générale de "La France et les Français d'aujourd'hui". Cette recherche repose sur l'idée que la présence en France de l'étudiant doit lui permettre de nouer des relations avec des spécialistes du sujet choisi par l'étudiant, et donc de sortir de l'environnement universitaire afin de se construire soi-même ses connaissances culturelles. Il s'agit de prendre contact avec les Français d'aujourd'hui, dans leur(s) milieu(x) par des entretiens sur un sujet choisi, élaboré pour éventuellement le com-pléter par des recherches documentaires en bibliothèque. Ces recherches, ces entretiens, ces enquêtes sont ensuite mises en forme dans un compte-rendu écrit dans une langue soignée.

La première étape est le choix du sujet. Il s'inscrit dans la thématique générale imposée et ne peut donc traiter par exemple d'auteurs littéraires décédés, ni de peintres ou d'artistes décédés. Il s'agit plutôt de répondre à une question que l'étudiant se pose sur la France et les Français d'aujourd'hui depuis son arrivée en France, qu'il se posait même peut-être avant son arrivée en France. Il est impératif en tout cas que le sujet corresponde à l'intérêt personnel de l'étudiant. Le sujet ne doit pas non plus poser de problème de recherche. Il est difficile, pendant la courte période dont ils disposent, de prendre des rendez-vous multiples à Lille, à Marseille, à Bordeaux, ou à Paris. Le sujet a donc intérêt à être centré sur un domaine dont l'étudiant peut directement tirer parti dans son entourage, à Angers ou sur la région angevine, ce qui rend les sources plus accessibles, les entretiens et les enquêtes plus facilement exploitables.

Ainsi, les étudiants ont pour tâche de nouer des contacts avec des personnes-ressources, de prendre des rendez-vous par téléphone, en essuyant parfois des refus, de conduire un entretien qu'ils ont dû préparer auparavant, de rendre compte enfin de leurs découvertes sur le terrain dans un mémoire d'une vingtaine de pages écrites en français.

Cette découverte de l'altérité culturelle au moyen d'un travail requérant une objectivité dans le compte-rendu final repose sur une logique contrastive dans la mesure où l'étudiant part d'une question du type : ‘"Pourquoi les Français ne font-ils pas comme mes compatriotes, pourquoi se passe-t-il en France des choses différentes de celles qui se passent chez moi ?"’

Lorsque l'on demande aux étudiants si ce travail leur a apporté quelque chose, on constate plusieurs satisfactions. D'abord, celle, plus matérielle, d'avoir pu écrire un compte-rendu en français de plus de vingt pages. Ensuite, celle, plus intellectuelle, d'avoir fait la connaissance de vrais Français, pas ceux des livres, mais ceux de la vraie France, ou tout au moins de ce qu'il considèrent comme la vraie France. Enfin, et surtout, celle, interculturelle, d'avoir eu la possibilité de mieux comprendre les différences avec leur pays d'origine. C'est cette découverte interculturelle qui nous paraît être la plus formatrice, et l'on peut même constater chez les étudiants que cette découverte interculturelle n'est pas passagère, qu'elle s'inscrit dans la durée, puisque certains d'entre eux, lors d'un passage en France, rencontrent encore les personnes-ressources avec lesquelles ils avaient pu prendre des contacts lors de l'enquête préliminaire.