5.3.1. Stéréotypes culturels

Le premier obstacle sur lequel l'enseignant et l'apprenant risquent d'échouer dans leur approche de la culture cible vient de ce que chacun s'en crée une image subreptice qui n'est pas uniforme. Ainsi, l'enseignant, grâce à sa formation et à ses expériences en perpétuelle progression, aura une vision qui correspondra davantage à ce que nous avons défini plus haut comme faisant partie de l'interculturel. Des représentations choquantes pour un néophyte, lui apparaissent comme des visions beaucoup plus naturelles, car il dispose déjà de connaissances suffisantes pour différencier les éléments perturbateurs importants de ceux qui ne sont que secondaires. L'apprenant, lui, évolue sur ce qu'il considère la plupart du temps comme une "table rase" : tout lui est nouveau, tout lui est bizarre, tout lui est différent. Il subit d'autre part l'influence de sa culture de proximité, à savoir, les stéréotypes véhiculés par son entourage immédiat.

Pantanella signale de nombreux stéréotypes, représentations faussées par des images préconçues, véhiculés par les manuels d'apprentissage du français langue étrangère. ‘"C'est autour et à travers les loisirs que les actes de paroles et les éléments de civilisation sont présentés (le sport, les week-ends à la campagne, le cinéma, le théâtre, les cafés et les discothèques)."299 ’ Ainsi la France est-elle perçue comme déformée, fidèle à l'image que les films publicitaires vantant ses mérites touristiques transportent à travers le monde. Cette image ne perturbe en rien celle que les apprenants se forgent et ne remet pas en cause une idée qu'ils se sont faite de la culture source. Or, cette image est loin de correspondre à la réalité, puisque les Français travaillent, n'ont pas nécessairement une résidence secondaire à la campagne, ne fréquentent pas pour la plupart d'une façon assidue les théâtres, les cinémas, les cafés ou les discothèques.

L'objectif d'une approche contrastive sera donc de tendre, en comparant sa propre culture source à ce que l'on présente de la culture cible, à aider l'apprenant à ne plus se satisfaire d'un approche impressionniste des deux cultures, mais à observer de façon plus détaillée ce qui constitue les impressions que l'on en a. C'est en abattant ce premier obstacle épistémologique des stéréotypes issus de sa culture maternelle et encouragés par les moyens d'enseignement dont on peut disposer qu'on peut arriver, en relativisant également culture idéale et culture réelle, à se fabriquer personnellement une vision de la culture de l'autre permettant une meilleur compréhension.

Notes
299.

PANTANELLA, Anouk (1991), "Les problèmes de l'interculturel chez les étudiants débutants", in : Le FLE de 0 à 300 heures, Actes du Colloque CIDEF, Centre International d'Etudes Françaises, page 144.