CHAPITRE 1 : LES RELATIONS HOMMES - ESPACE URBAIN EN QUESTION

Notre relation à l’espace est faite à la fois de représentations et d’usages. En effet, ‘“ le monde n’est pas neutre : tel lieu, tel emplacement, y est plus désirable que tel autre ; à tel endroit se situent des “ pôles de gratifications ”, des sources de satisfaction du désir, ou des sources de répulsion ; en bref, des motivations au comportement de l’être qui y circule ”’ (Moles, Rohmer, 1982, p. 9). Ainsi, autour de chaque espace, de chaque site, nous créons un imaginaire qui, s’il est corrélé avec les caractéristiques physiques du lieu, s’alimente de tout un passé social et individuel. A chaque individu peut donc être associée “ une ” ville, qui constitue sa représentation de la ville. C’est ce processus qui est abordé en première section.

Une certaine pratique quotidienne de la ville fait elle aussi partie intégrante des relations hommes - espace urbain : c’est elle qui conditionne sa connaissance de l’espace, qui définit ses habitudes entre autres. L’ensemble des représentations et des pratiques spatiales constitue en conséquence une approche à la fois concrète et psychologique du citadin à la ville. Les liens entre ces deux notions, sans être exclusifs, sont ainsi fondateurs des relations que l’homme entretient avec l’espace urbain ; ils sont l’objet de la deuxième section.

Loin d’être uniques pour chaque individu, ces relations présentent des formes communes, que ce soit en termes de pratiques ou de représentations spatiales, entre différents groupes d’individus. Ces groupes se définissent en fonction de caractéristiques sociales dépendant, par exemple, de l’âge, du genre, de la catégorie socio-professionnelle et des parcours migratoires, variable illustrative de l’étude. Dans une troisième section, ces rapports entre représentations spatiales, pratiques spatiales et société sont présentés afin de mettre en évidence les lacunes des recherches en ce domaine et d’exposer, dans une quatrième section, la problématique et la méthodologie du travail.

Il faut noter ici que cette présentation est basée sur une étude bibliographique des concepts étudiés. Or, les recherches effectuées en Afrique de l’Ouest sont relativement rares et nous avons choisi d’illustrer ces propos par des travaux effectués hors de ce contexte spécifique. L'applicabilité des notions de représentations et de mobilité quotidienne ne pose pas de problèmes. En revanche, la prudence est de mise dans l’utilisation des résultats quant aux comparaisons éventuelles entre Occident et Afrique. Néanmoins, il reste intéressant de faire un état des lieux global des connaissances en ce domaine, ne serait-ce que pour montrer l’écart existant entre les pays occidentaux et l’Afrique.