II - les représentations spatiales 

Les représentations spatiales font partie intégrante du processus d’appropriation de l’espace. Ni aboutissements, ni points de départ, elles constituent en fait des éléments régulièrement renouvelés et utilisés.

II - 1 : Définition et enjeux

Ce n’est qu’après 1940 qu’en géographie est acceptée l’idée d’un espace subjectif et même imaginaire, qui va au delà de l’espace perçu. La définition la plus courante du concept de “représentations spatiales” est celle donnée par Piaget et Inhelder (1977, p. 28) : ‘“ création sociale ou individuelle de schémas pertinents du réel dans le cadre d’une idéologie ; elle consiste soit à évoquer des objets en leur absence, soit, lorsqu’elle double la perception en leur présence, à compléter la connaissance perceptive en se référant à d’autres objets non actuellement perçus ”’. Cette création s’accompagne d’une reconstruction de la cohérence des lieux puisque l’individu n’en a à chaque instant qu’une vision très parcellaire (Bailly, 1977). C’est pour cela que les représentations spatiales comprennent à la fois des connaissances et des croyances mais aussi d’autres types d’informations qui sont requises pour la tâche à effectuer ou en fonction de la décision à prendre.

La représentation mentale a deux fonctions principales (Bailly, 1992). La première est “ référentielle ” et permet d’organiser nos perceptions - ce qui fait référence aux “ schémas pertinents ” de Piaget et Inhelder cités ci-dessus -, et de reconstruire à partir du passé une sensation originale. C’est une fonction conceptuelle : les représentations servent à signifier et elles sont stabilisées en mémoire. Elles englobent donc des connaissances “ scientifiques ” et des croyances (Richard, Richard, 1993). La seconde fonction est “ élaborative ” et permet d’organiser des relations nouvelles à partir du vécu antérieur, tout en structurant l’espace afin de le juger et de le pratiquer. Il s’agit de la représentation-interprétation. Elle combine à la fois les informations liées à la situation et celles qui sont stockées en mémoire et nécessaires à la prise de décision ou à l’exécution de la tâche, ce qui fait d’elle un processus circonstancié et finalisé (Richard, Richard, 1993). Cependant à ces deux fonctions peut aussi s’ajouter celle de mode facilitant la communication entre les membres d’un même groupe puisque les représentations spatiales permettent de coder en classant les éléments du monde extérieur (Moscovici, cité par Bachimon, 1997).

L’étude des représentations spatiales permet ainsi de mettre en évidence les stratégies des différents acteurs en fonction des pressions sociales et des contraintes individuelles, ainsi que de leurs rapports à l’espace. Leur élaboration s’intègre dans le processus complexe de la cognition qui nous permet à la fois à tout moment de nous situer, d’évoluer dans notre environnement et d’alimenter notre imaginaire.