Multi fonctionnalité des éléments

Les cinq éléments précédents, s’ils sont identifiables séparément, caractérisent un même espace : des quartiers sont structurés par des noeuds et les points de repère, ils sont entourés de limites par exemple. De même un seul élément urbain peut appartenir à plusieurs catégories à la fois : une rue est une voie et/ou une limite, un quartier un noeud. Dans le cas de chauffeurs de taxi de Marseille (Pailhous, 1970), des noeuds peuvent servir de repères, notamment pour placer des zones mal connues mais qui leur sont liées par des relations topologiques, de voisinage par exemple. Cette caractérisation des lieux est aussi prônée par Golledge (Golledge, Stimson, 1997) dans la théorie des points d’ancrage. Un ordre hiérarchique des lieux, des chemins et des aires à l’intérieur d’un environnement est basé pour lui sur la signification relative de chacun des items pour l’individu. Initialement les endroits qui étaient critiques dans le processus d’interaction - tels la maison, le travail et les lieux d’achat - ancrent l’ensemble de l’information spatiale et conditionnent la recherche des chemins à travers des morceaux d’espace capables de connecter des lieux primaires ou points d’ancrage. La connaissance des lieux et des cheminements est organisée hiérarchiquement par des lieux primaires, secondaires, tertiaires et d’ordre inférieur, et par des chemins formant un squelette de structure sur lequel un noeud ou un chemin additionnel et des informations sur le quartier sont greffés. Le domicile, le travail et les lieux d’achat ainsi que des lieux reconnus communément, connus et souvent empruntés ont tendance à servir de lieux primaires et font partie des points d’ancrage majeurs à partir desquels le reste de la hiérarchie est développé.

L’objectif d’une telle organisation de l’espace n’est pas simplement de trouver son chemin. Cette image structuraliste constitue aussi un système de référence dans lequel vont se dérouler les actes de l’individu, et auquel il va pouvoir apporter continuellement de nouvelles connaissances. Elle est globalement organisatrice de faits, de potentialités. Des critiques peuvent être avancées devant une telle formalisation (Jodelet, 1982). En effet, l’espace urbain n’est pas un simple agencement d’éléments que l’individu réorganise et hiérarchise mais existe en tant qu’entité socioculturelle, qui charge de valeurs et de significations les stimuli physiques et les informations. Nous pouvons donc compléter cet ensemble fonctionnel par une association d’idées et d’émotions qui lui sont liées et qui a elle aussi une importance cruciale dans les représentations de l’espace qu’a l’individu.