IV - 1 : La carte mentale : une représentation de l’espace reconnue ....

La carte mentale est un des moyens qu’a l’individu d’imaginer ses trajets : c’est donc un véritable outil qui lui permet de maîtriser ses lieux de vie (Bailly, 1990). Elle constitue un moyen d’analyse des déformations de l’espace et des surfaces ainsi que d’interprétation sémantique des signes et des perspectives (Bailly, 1985). La particularité de ce type de représentation est que le repère utilisé est exocentré, extérieur au sujet, et que ses coordonnées sont celles de la carte. Pailhous (1970), d’après une étude effectuée sur les chauffeurs de taxi de Marseille, développe l’idée qu’à partir de l’analyse mentale décrite ci-dessus, l’individu va se construire deux types de réseaux : un réseau de base sous la forme de carte mentale de type géographique et un réseau secondaire utilisé à partir des repères au sol. Le réseau de base, plus ou moins dense suivant l’expérience du chauffeur, recouvre la ville à peu près régulièrement. Sur ce réseau, les individus mettent en oeuvre une règle algorithmique énonçable ainsi : à chaque carrefour, prendre la voie qui fait l’angle minimum avec l’estimation au but. Le réseau secondaire, à l’intérieur duquel les chauffeurs développent des tactiques visant à rejoindre des buts intermédiaires, est moins précis et moins dense. Pour lui, ‘“ sur le réseau de base, la représentation de type plan est, de loin, la plus importante, les repères visuels étant pour ainsi dire greffés sur cette dernière ”’ (Pailhous, 1970, p. 76). La construction d’une telle représentation peut prendre beaucoup de temps suivant l’intérêt qu’en a l’individu. Ainsi une étude effectuée en Californie dans les années 1970 auprès d’employées de bureau montre qu’une dizaine d’années sont nécessaires pour former une carte des emplacements relatifs des lieux fréquentés dans un immeuble (Richard, Richard, 1993).