II - 1 : Interactions des représentations et de la mobilité quotidienne

‘“ [...] L’usage de l’espace urbain par un individu est étroitement lié à la représentation qu’il s’en fait ” (’Begag, 1991, p. 65). C’est grâce aux représentations spatiales que l’individu va se déplacer en milieu urbain : il va en tirer les éléments, les connaissances nécessaires à son action en fonction de son but et de ses motivations. Le lien entre mobilités et représentations spatiales se situe au troisième niveau de traitement, les deux premiers étant l’extraction de l’information du signal et l’identification des objets et des formes. Après ces étapes, l’individu va construire des interprétations et prendre des décisions. Car les traitements, selon la théorie du cognitivisme, sont orientés selon des actions, des objectifs à réaliser, des buts à atteindre en fonction de contraintes (Richard, 1993).

D’autre part, la mobilité urbaine quotidienne influe elle aussi les représentations puisqu’elle agit directement sur la perception et est donc partie prenante de la (re)construction des représentations spatiales intuitives (Piaget, Inhelder, 1977). Elle permet aussi de modeler l’espace vécu, de modifier le contenu de la mémoire. La pratique de l’espace étend la sensation de familiarité en permettant la reconnaissance de repères déjà identifiés et en rendant l’espace compréhensible (Andan et alii, 1988). Le vécu est “ le premier mode d’appréhension de l’espace ” (Voyé, 1989). Ce lien est d’autant plus fort que l’interprétation-représentation va être requise dans tous les déplacements et va être modifiée : les connaissances vont être constamment remises à jour. C’est le phénomène d’inférence qui consiste en la création de nouvelles informations à partir des informations actuelles et passées (Richard, Richard, 1993). Alimentant ainsi les représentations en jouant alors le rôle de pré-expériences, cette connaissance des lieux permet l’anticipation de nouvelles expériences supposées en partie semblables (Noschis, 1984). En définitive, une schématisation proposée par Golledge et Stimson (1997) permet d’illustrer ces interactions (graphe 1-1).

source : Golledge, Stimson, 1995

Ce schéma met en évidence les liens entre représentations et mobilités mais il ne faut pas oublier que les représentations ne sont pas uniquement conditionnées par l’espace vécu et que d’autres représentations extérieures à l’individu les modifient, que ce soient par des récits, des cartes ou les médias par exemple (Bachimon, 1997). De même la mobilité, si elle est influencée par les représentations, dépend d’autres facteurs (les motivations par exemple), ce qui rendent les interactions représentations - mobilité difficiles à interpréter 3 .

Ce sont ces concepts de représentations et de mobilité quotidienne qui servent de bases à cette étude. Mobilités urbaines quotidiennes et représentations spatiales ont le double intérêt de caractériser des types de comportements et des groupes d’individus.

Notes
3.

Nous parlons ici de liens, d’interactions car il ne nous paraît pas pertinent d’instaurer une relation de cause à effet entre les deux concepts : les représentations influent les choix de déplacements et la mobilité, même quotidienne, modifie les représentations spatiales.