Le sentiment d’appartenance aux lieux

“ Je suis de là ”, “ C’est mon quartier ”, “ C’est ma ville ” sont des expressions largement utilisées en réponse à la question “ Pourquoi habitez vous là ? ”. En fait, les citadins s’approprient l’espace en fonction d’enjeux et de modalités propres à leur personnalité et à leur intégration sociale. Si un sentiment d’appartenance se développe c’est essentiellement pour des raisons relationnelles et donc sociales qui se jouent au quotidien (Milliot, 1995).

L’espace reste le support de ces relations mais un support abstrait puisque, en fait, le sentiment d’appartenance ne s’accompagne généralement pas d’une meilleure connaissance de l'environnement, et ce bien qu’il soit un espace fréquenté régulièrement. Il acquiert en fait une symbolique plus forte en étant idéalisé, au détriment d’une réactualisation des données sociales ou physiques de cet environnement. ‘“ Plus un quartier est approprié par ses habitants et plus ce quartier est imaginé par ses habitants ”’ (Chalas, 1995, p. 27). Cet imaginaire relatif à un espace d’attachement affectif est porteur en fait de l’identité même des individus. ‘“ Appartenir à son quartier, c’est en premier lieu, non pas le connaître, mais s’y reconnaître, s’y retrouver soi-même et, par là, c’est nécessairement l’imaginer’ ” (Chalas, 1995, p. 29). En fait de connaissance, il faut donc ici parler de reconnaissance.

Ainsi, pratiques et représentations spatiales sont intimement liées dans l’expression de ce sentiment. A cet attachement, peut s’ajouter une concentration des activités autres que relationnelles sur une petite partie de la ville. Les individus cherchent alors à reconstruire artificiellement un monde idéalisé, connu antérieurement ou non : le microcosme du village. Le “ quartier - village ” ou “ village urbain ” a pu être identifié dans toutes les grandes villes du monde. Plus qu’un sentiment d’appartenance à un lieu, il illustre en fait la peur d’un espace trop grand pour être maîtrisé.