I - Problématique

Ainsi que nous venons de le voir, les représentations spatiales sont indissociables des pratiques quotidiennes de l’espace, elles s’influencent mutuellement en un mouvement continu en boucle de cause à effet. De plus, les représentations et les pratiques spatiales sont étroitement liées aux représentations et pratiques sociales parce que l’individu n’évolue pas dans une bulle : il est, continuellement et dès le début de sa vie, soumis à des contraintes sociales normatives qui lui permettent de vivre et de se connaître dans la société dans laquelle il évolue. Ces représentations et ces pratiques admettent de ce fait comme déterminants des modalités relatives à l’espace social de l’individu et illustrées par des variables comme le genre, l’âge, les catégories socio-professionnelles, les revenus et les parcours migratoires. Ces derniers, facteurs spatio-temporels, concernent à la fois les lieux connus antérieurement et les durées de séjour dans chacun des lieux habités y compris dans le logement actuel.

Des recherches antérieures démontrent leurs influences, soit au niveau des représentations, soit au niveau de la mobilité, mais leur nature reste floue. En effet, si les travaux généraux sur les notions étudiées sont largement répandues comme nous venons de le constater, leurs influences concrètes sont souvent peu explicitées : les études de terrain restent rares. Cette recherche tente ici de contribuer à une meilleure connaissance des citadins d’Afrique de l’Ouest en termes de relations spatiales et donc sociales.

Nos objectifs sont donc de montrer l’existence d’articulations entre des références sociales façonnées en partie par les parcours migratoires et des relations hommes - espace, basées sur des représentations et des pratiques dans une capitale africaine. Vu l’état des connaissances sur ces concepts en Afrique de l’Ouest, il s’agit ici :

  • -  de préciser le contenu des représentations spatiales en Afrique de l’Ouest, par le recueil et l’étude de discours sur l’espace urbain et de cartes mentales ;
  • -  d’en montrer les disparités en lien avec les différences dans les comportements de mobilité au sein de groupes sociaux “ types ” : groupes liés au genre, à l’âge... ;
  • -  de montrer l’influence des parcours migratoires sur les représentations et les pratiques spatiales ;
  • -  de mettre en valeur la cohérence de l'ensemble représentations spatiales - mobilité quotidienne. Cette cohérence est démontrée non seulement à un niveau spatial mais aussi à un niveau social.

Les trois formes d’expériences des lieux décrites dans la section précédente peuvent être illustrées par les caractéristiques des parcours migratoires suivantes : le lieu de naissance, la durée de séjour et les migrations en Occident. La première parce qu’elle fait référence à une origine socioculturelle, la deuxième parce qu’elle est associée à la connaissance des lieux et la troisième parce qu’elle constitue un choc culturel important pour un Africain. Ce sont donc elles qui sont retenues dans ce travail en tant que facteurs influençant les relations hommes - espace.

L’ensemble doit permettre de donner un aperçu, sur une capitale africaine, des relations hommes - espace, et donc hommes - société, par le biais des représentations et des pratiques spatiales. Les différents outils, entretiens, cartes mentales et enquête-ménages, mis en œuvre pour ce projet sont présentés dans le paragraphe suivant.