Des chefs de ménage et des épouses dans l’enquête-ménages

L’enquête-ménages s’est déroulée en décembre 1996. L’échantillonnage de la population enquêtée s’est fait principalement en fonction de leur répartition géographique, l’objectif étant d’interroger un ensemble d’individus représentatif de la disparité des situations socio-économiques à Niamey. Les questionnaires relatifs à la mobilité urbaine quotidienne et aux représentations spatiales concernaient l’ensemble de la population enquêtée, soit 757 ménages, comprenant 2 732 individus de plus de 13 ans 7 . Vu le manque de données récentes sur la ville, le dernier recensement datant de 1986, cette enquête n’a pas pu être redressée. Néanmoins, de nombreuses précautions méthodologiques ont été prises pour que les informations recueillies soient représentatives.

Afin de ne pas alourdir un questionnaire déjà long pour les ménages, nous n’avons recueilli les parcours migratoires que des chefs de ménage et de leurs épouses représentant un total de 1 360 individus appartenant à 757 ménages. De plus, pour les mêmes raisons, ce parcours n’a été recensé qu’à partir du moment où les individus ont quitté le domicile parental. Il a été complété par quelques questions relatives aux lieux habités avec les parents qui toutefois ont été mal comprises par les enquêtés.

Ces parcours ont posé de nombreux problèmes en termes de cohérence notamment entre époux : les dates ne correspondaient pas toujours et les raisons de déménagement pouvaient ne pas être identiques. De plus, le choix méthodologique de ne pas recenser les ‘“ étapes de vie ”’, telles que l’âge au premier et deuxième mariage, l’âge de la prise d’emploi par exemple rendait la reconstruction des itinéraires spatiaux difficiles à effectuer. D’autres l’avaient fait mais la lourdeur d’un tel recueil limite la possibilité de poser d’autres questions sur la mobilité ou les représentations par exemple. Ainsi, Dureau, dans son enquête sur Quito avait centré son enquête sur ce seul thème en associant activités professionnelles et lieux habités. L’enquête la plus complète a été effectuée à Dakar (Antoine et alii, 1995) et relevait dans un tableau complexe (AGEVEN) les événements familiaux, professionnels, résidentiels et migratoires. L’avantage d’une telle exhaustivité est que l’individu se souvient plus facilement de certains événements qu’il peut alors relier à des lieux par exemple, ce qui augmente la fiabilité des résultats obtenus. Etant donné que notre approche des parcours migratoires était essentiellement géographique, nous n’avons pas jugé nécessaire de demander autant de précisions. Le degré d’incertitude des informations a, en conséquence, augmenté et nous n’avons pas pu reconstituer les parcours migratoires de l’ensemble des individus. Néanmoins, les variables illustratives étudiées (le lieu de naissance, les éventuelles migrations en Occident et les durées de séjour à Niamey) ont été aisément retrouvées pour la plupart des enquêtés. Ainsi les durées de séjour à Niamey depuis le dernier retour n’ont pas pu être déterminées pour 60 d’entre eux seulement, 1 300 individus pouvant donc être étudiés sous cet angle. De même pour 46 personnes nous n’avons pas pu avoir connaissance d’une éventuelle migration en Occident.

Outre les parcours migratoires, les informations que l’enquête a permis de recueillir et que nous avons utilisées pour l’analyse sont relatives aux caractéristiques classiques du ménage (taille, composition, type du logement et statut d’occupation) et de l’individu (sexe, âge, profession exercée, ethnie, niveau d’études...). Pour un détail plus approfondi des questionnaires, nous renvoyons le lecteur au document de Diaz Olvera et alii ([1], 1999), récapitulant les différentes étapes, l’échantillonnage et le découpage géographique de la ville. Le questionnaire est consultable en annexe 3.

Ces données relatives à la situation socio-économique des individus sont nécessaires à une caractérisation sociale des individus, elles ont permis l’étude, de façon agrégée, de la population enquêtée. En effet, nous avons adopté une méthode ‘“ toutes choses égales par ailleurs ”’, l’influence du parcours migratoire étant évaluée pour des individus de même âge, sexe et niveau de revenus (ce sont ces indicateurs qui sont, après analyse, les plus discriminants). Ce processus s’est révélé indispensable. Nous aurions en effet pu directement, sur l’ensemble de la population, effectuer ce travail en fonction du lieu de naissance, de la durée de séjour et des migrations en Occident. Or, cette méthode n’a pas donnée de résultats satisfaisants : les effets des caractéristiques socio-économiques étaient prépondérants devant ceux du parcours migratoires. De plus, il existe des corrélations certaines entre les parcours et les caractéristiques socio-économiques, comme nous le verrons ultérieurement. Cette méthode a donc l’avantage de maîtriser l’interférence d’un nombre important de déterminants.

Notes
7.

En fait, au total les ménages comportaient 4 883 individus mais seules les personnes de 14 ans et plus ont été enquêtées.