Des questions spécifiques dans l’enquête-ménages

Le questionnaire reste la technique la plus couramment employée dans l’étude des représentations. Son approche quantitative des notions étudiées permet de mettre en évidence des facteurs discriminants et de les hiérarchiser. De plus, comme il est standardisé, il évite, dans une certaine mesure, les biais des entretiens. Cependant il ne faut pas oublier que les questions ne sont pas “ objectives ”, elles résultent d’un choix a priori quant aux thèmes à aborder qui, de plus, est limitatif dans les réponses que peuvent donner les enquêtés (Abric, [2], 1994). Le questionnaire constitue donc un outil intéressant, dans la mesure où nous avons pu le compléter par des données plus qualitatives.

Les questions relatives aux représentations spatiales dans l’enquête-ménages s’attachaient aux images des différents quartiers de la ville. Cette image est par essence collective puisqu’elle permet aux citadins de s’orienter en ville et d’y identifier des secteurs. Les représentations qu’ils leur associent leur permettent de faire des choix au moment opportun (Gervais-Lambony, 1994). C’est cette ou ces images que nous avons essayé de reconnaître.

Pour les quartiers de la ville autres que le quartier d’habitation, les questions étaient ouvertes. Il était difficile d’effectuer un recensement de toutes les qualités potentielles qui leur sont attribuées. Nous avons ici choisi d’observer la structure socio-économique de la ville. Pour référence, on pourra consulter les questionnaires de Nkaya (1990), de Cukrowicz et alii (1987) et de Gervais-Lambony (1994) par exemple. En s’inspirant de leurs travaux, nous avons sélectionné six critères discriminants. Outre les qualités de “ pauvres ” et “ riches ”, nous avons aussi voulu mettre en valeur d’autres facteurs relatifs à la sociabilité caractéristiques des quartiers au travers des critères “ dangereux ”, “ vie comme au village ”, “ animés le jour ” et “ animés la nuit ”. Les six questions posées aux enquêtés sont les suivantes :

Plusieurs réponses pouvaient être données à chaque question et chacune d’entre elles a été enregistrée. Chaque réponse a été codée et le nombre total de réponses données par chaque individu a été noté. Lorsqu’un individu répondait à une même question par deux lieux appartenant à un même quartier, ce dernier n’a été codé qu’une fois et le nombre total de réponses données à la question a été modifié en conséquence. L’ensemble de ces réponses a donné lieu à des analyses factorielles et a aboutit à une carte de Niamey par ses citadins. Dans l’analyse finale, n’ont été pris en compte que les quartiers indiqués plus de 15 fois au total, c’est-à-dire ayant recueilli plus de 1,5 % des citations totales. Ce niveau minimal était nécessaire en termes de représentativité pour les traitement ultérieurs.

Une seule question se rapportait au centre-ville. Il était demandé à chaque individu sa localisation. Les divergences des réponses montrent qu’on peut lui associer un imaginaire lié au vécu de l’individu et à sa pratique de la ville (Frémont, 1982). Il a aussi été demandé à chaque individu d’indiquer parmi les motifs proposés (achats, loisirs, travail, visites et raisons administratives), quels sont ceux qui motivent leurs éventuels déplacements vers ce centre.

Enfin, en ce qui concerne le quartier d’habitation, nous désirions identifier les désirs exprimés quant à ses qualités et aux difficultés au quotidien par rapport aux exigences des enquêtés. En effet, il n’y a pas de quartier sans images et sans “ attentes collectives et individuelles ”. A ce titre, “ sa fonction est moins de refléter la réalité des rapports sociaux que de favoriser les expressions subjectives sur ce qu’ils devraient être ou sur ce que l’on veut bien en percevoir ” (Barou, 1995, p. 9). Nous avons, en conséquence, tout d’abord proposé aux enquêtés de choisir, parmi des caractéristiques d’un quartier, les trois les plus importantes pour eux. Les caractéristiques proposées étaient les suivantes :

Ce choix permet de mettre en évidence des positions opposées en termes de revendications entre l’espace privé (concession) et l’espace public (quartier), entre les aspects financiers, sociaux et matériels (équipements du logement ou du quartier par exemple). C’est l’articulation de ces éléments entre eux qui permet de reconstruire des représentations contrastées du quartier d’habitation.

Nous avons ensuite demandé aux enquêtés de qualifier leur quartier en référence aux caractéristiques évoquées précédemment. Il fallait que pour chacune d’entre elles, ils indiquent s’ils pensaient que leur quartier la possédait ou non. Nous avons alors comparé les caractéristiques importantes et celles effectives. Plus les secondes seront semblables aux premières, plus l’individu doit être satisfait. Si elles sont éloignées, l’individu se plaît moins dans son quartier qui correspond moins à ses attentes. Un indice de satisfaction individuelle peut donc être calculé en fonction de ces résultats : il constitue un indicateur du degré de satisfaction, assez simple mais synthétique. Cet indice représente le nombre de caractéristiques désirées et effectivement possédées par le quartier et ses valeurs s’échelonnent entre 0 et 3. Afin de compléter ces résultats, nous avons aussi demandé aux individus s’ils désiraient déménager, ainsi que leur destination éventuelle. Cette question constitue un autre mode d’évaluation de la satisfaction par rapport au quartier d’habitation.

L’ensemble de ces données sur les représentations spatiales constitue une partie seulement des informations que nous voulions recueillir. S’y ajoutent celles relatives aux pratiques spatiales.