I - Les parcours migratoires des Nigériens

La description complète des parcours migratoires des individus inclut toutes les migrations qu’ils ont effectuées, à l’intérieur de Niamey, du pays, de l’Afrique et hors du continent. Comme l’analyse ne porte que sur deux types de migrations, nous avons choisi ici de centrer la présentation sur les migrants ruraux et les migrants en Occident, leur point commun étant sans aucun doute à un moment de leur migration, la capitale.

La population nigérienne est majoritairement migrante puisque plus de la moitié des individus de 15 ans et plus (54 %) avait séjourné hors de sa localité de naissance en 1995, contre, par exemple, seulement 35 % des Maliens (CERPOD, 1995). Ce sont généralement des migrations à courte distance, se répartissant à part égale entre l’intérieur du pays et les régions avoisinantes. La proportion de migrants optant pour des zones plus éloignées, à l’extérieur du sous-continent ouest-africain, reste marginale (graphe 2-1). Les choix, dans ce cas, s’orientent encore majoritairement vers des pays africains. On peut en effet remarquer la faible proportion de Nigériens migrant en Occident. Proportionnellement, les habitants d’autres pays d’Afrique de l’Ouest sont plus attirés par les pays du Nord. Ainsi, 8 % des migrants maliens quittent l’Afrique, soit 4 fois plus que les migrants nigériens. Néanmoins, ces derniers ne sont pas différents de leurs homologues ouest-africains, dans leurs motivations et dans leurs destinations. De plus, l’objectif du travail n’est pas l’analyse de flux et nous avons obtenu un échantillon d’individus assez important pour pouvoir effectuer les traitements désirés.

source : CERPOD, 1995
Nota Bene : les pays voisins du Niger sont ici : le Burkina-Faso, la Guinée, le Mali, la Mauritanie et le Nigeria.

Il existe au sein même des migrations, une variété certaine qui reflète la multiplicité des itinéraires possibles. Si nous avons choisi de les présenter successivement, distinguant de fait les migrations ville - campagne et les migrations en Occident, il faut cependant garder à l’esprit que le plus souvent les parcours migratoires sont complexes et composés de séjours dans plusieurs sites. Et ceci est d’autant plus vrai que plus le migrant migre, plus il a tendance à migrer à nouveau (Gregory, 1975). Le choix d’une analyse fractionnée nous est imposé par le problème de recueil de données, les chiffres et les résultats concernant des parcours types laissant peu de place aux formes complexes des parcours migratoires.

En définitive, les migrations sont le fait d’individus à la recherche d’une amélioration de leurs conditions de vie et de celles de leur famille ou de leur communauté. Leurs destinations sont plus liées à l’histoire de leur pays et aux réseaux de solidarité qu’à de propres choix "aléatoires". Niamey se place généralement, en tant que ville de transit ou d’accueil, sur leur trajectoire. Nous présentons ici la population concernée par ces départs, les raisons qui les poussent ainsi que les lieux d’accueil au cours de leur trajet, en mettant en évidence la place particulière de la capitale dans celui-ci.