Qui part du village vers la ville ?

En ce qui concerne les migrations campagne-ville, les hommes constituent le plus fort contingent des migrants ruraux, même s’il y a plus de femmes et d’enfants que pour les migrants internationaux (voir par exemple chez les Dogon, Petit, 1994). Ce sont essentiellement des jeunes ayant quitté prématurément l’école et qui viennent grossir la masse des chômeurs, cette dernière dépassant déjà dans les années 70 en Afrique de l’Ouest 10 % de la population active (Wills King, 1977), mais on peut aussi y trouver des chargés de famille dont “ le devoir ” est d’aller chercher de l’argent pour les besoins du ménage (Cissé, 1983).

Les femmes migrent en moyenne au même moment que les hommes, c’est-à-dire avant 30 ans, 20 % arrivant en ville avant l’âge de 20 ans et un tiers entre 20 et 29 ans. Elles sont généralement déjà mariées au moment de leur migration, contrairement aux hommes, mais les situations sont disparates selon les aires géographiques. Ainsi à Bamako, 83 % des migrantes rurales sont célibataires (Findley, 1989). Elles sont plus souvent analphabètes que les hommes, ont peu d’expérience professionnelle. Leur moyenne d’âge est plus faible que celle des hommes car il s’agit parfois de fillettes confiées comme aides ménagères ou mariées à un migrant. Peu d’épouses suivent leur mari car leur belle-famille préfère qu’elles restent (Petit, 1994). Globalement les migrations féminines intra-africaines, de même que pour l’Occident, sont passives : rares sont les femmes qui expriment une volonté de migrer sans raison familiale. Nous n'avons eu accès à aucune donnée en ce qui concerne les femmes nigériennes.

Les migrants en Occident ressemblent peu ou prou aux migrants ruraux de par leurs caractéristiques générales, comme nous allons le voir.