Qui sont les migrants en Occident ?

Les caractéristiques des migrants en Occident ont fortement évolué au cours des dernières décennies. Aux hommes seuls ont succédé des familles, et même parfois des femmes célibataires venues à leur tour tenter leur chance.

Les migrants étant au départ essentiellement des travailleurs temporaires venus pour deux ou trois ans, la majorité d’entre eux était des hommes seuls. La politique des pays d'accueil, le coût d'entretien d'une famille en Occident (pour la scolarisation des enfants par exemple) ainsi que la tradition selon laquelle les femmes devaient rester aider la mère de leur mari ne leur permettaient pas de faire venir leur famille auprès d’eux (Granotier, 1973 ; Barou, 1978). Du fait de la politique de regroupement familial et du développement des migrations féminines individuelles, la proportion de femmes migrantes a pu augmenter graduellement depuis 20 ans. Mais nous pouvons observer qu’en France, dès les années 70, les femmes nigériennes migraient déjà de façon significative : en 1975, elles représentaient en effet plus de 15 % de la population totale nigérienne en France (recensements INSEE 1975). Leur proportion a sensiblement augmenté depuis 1974 mais moins que l’ensemble des Ouest-Africaines. Actuellement la présence nigérienne féminine est même plus faible que celle des autres africaines. Au recensement de 1990, elles représentaient 35 % des Nigériens en France alors que 40 % des Ouest-Africains étaient des femmes.

Il reste que la présence des familles demeure faible. En 1982, les enfants de moins de 16 ans ne représentaient en effet que 24,5 % de la population sub-saharienne en France alors qu’ils étaient 32 % chez les algériens (Barou, 1990).

Quant à leur âge, lors de la première grande phase de la migration vers le Nord, ce sont les hommes ayant déjà travaillé comme manoeuvres ou comme commerçants qui sont partis pour deux ou trois ans (Adams, 1977 ; Granotier, 1973). Ainsi, ces migrants étaient des individus d’âge mûr, de 40 à 50 ans qui avaient été employés dans d’autres pays d’Afrique. Peu à peu des jeunes, dont c’était la première migration hors de leur pays, ont accompagné les migrants lors de leur troisième ou quatrième voyage, même si ce phénomène reste limité pour les Nigériens.

Globalement, quelles que soient les destinations, ce sont donc des hommes jeunes, d’abord seuls, qui partent. Les raisons de ces départs sont plus complexes qu’il n’y paraîtrait à première vue et les motifs économiques sont intimement imbriqués aux raisons sociales et psychologiques.