Des raisons économiques prédominantes mais en déclin

La migration volontaire est définie comme étant le déplacement des personnes actives cherchant à satisfaire des besoins sociaux ou économiques, afin d’améliorer leurs conditions de vie, dans un pays autre que leur pays de résidence (Jenny, 1987). C’est la plus répandue des migrations dirigées vers l’Occident car les raisons des individus sont essentiellement économiques et liées à l’absence d’emploi, au faible niveau de vie, à l’espoir d’obtenir des salaires plus élevés ou une promotion (Société Centrale pour l’Equipement du Territoire, 1975). L’argent gagné devait permettre aux villages de vivre (Adams, 1977). Car les politiques fiscales coloniales et post-coloniales ont conduit directement à une diminution des forces de travail destinées à l’agriculture. Les ménages, afin de pouvoir payer les impôts, envoient alors l’un des leurs gagner l’argent nécessaire à leur survie (Gregory, Piché, 1983). L'argent gagné à l’étranger n’a pas ce seul but, il permet également au migrant de se constituer une dot. Il est également recherché en soi car, par exemple, au Niger, l’acquisition d’une certaine richesse est valorisée socialement : en milieu haoussa elle conditionne toutes les valeurs (Barou, 1978). Mais, actuellement les migrations de travailleurs se font de plus en plus rares de par la difficulté d’obtenir un visa. La plupart des migrants vers les pays du Nord sont donc des étudiants en cycle supérieur qui viennent achever leurs études en université. Pour ces motivations, le retour peut avoir plusieurs raisons : soit le migrant a récolté assez d’argent (le retour est alors réussi, ce qui est rare) ou il a fini ses études. Souvent, dans le cas d’un départ économique, le migrant revient en fait en situation d’échec, ce qui rend sa réinsertion difficile (Zehraoui, 1994).

Ce sont aussi des motivations économiques qui poussent les ruraux vers les villes (Cissé, 1983). En effet, l’exode rural au Niger a tout d’abord correspondu au développement économique du pays, à son industrialisation. Les progrès ont touché en priorité les centres urbains et les ruraux ont été attirés à la fois par des revenus plus élevés et des conditions de vie plus confortables (électricité, infrastructures sanitaires par exemple). De plus, les zones rurales souffrent d’un phénomène de sous-emploi dû à la fois à la rareté des terres, aux conditions climatiques difficiles et, paradoxalement, à la scolarisation. Cette dernière qui empêche les jeunes d’apprendre les métiers de la terre, mais qui aboutit rarement dans les zones rurales à un diplôme (par manque de moyens financiers souvent), pousse les jeunes à aller chercher de l’emploi en ville où la diversité des emplois est plus grande. A l’intérieur du pays, on peut aussi observer le même phénomène qu’en Occident. Pour les jeunes, les migrations pour poursuite des études, notamment dans le secondaire, peuvent être soit une motivation réelle, soit un prétexte pour rejoindre un milieu urbain. En général, il s’agit pour eux d’aller chercher en ville le complément de formation pour améliorer la situation de tous (Locoh, 1991), et rejoint de ce fait, les motivations économiques.

Si les études et le travail constituent les principaux moteurs de départ, vers la ville ou en Occident, d’autres, plus cachés, les complètent.