Une grande majorité de femmes et d’enfants migre uniquement pour rejoindre un parent ou un mari dont la durée d’absence est plus longue que prévue. Ils n’ont personnellement aucun projet particulier que ce soit en Occident (Petit, 1994) ou en Afrique (Findley, 1989).
Certaines femmes migrent seules, mais elles le font souvent sous la pression familiale afin d’aider des parents restés au village. Elles s’installent alors en ville sans avoir de réelle formation scolaire ou professionnelle. Ainsi on place une adolescente comme aide ou bonne chez un ménage urbain, à long terme ou pendant la saison sèche, après la récolte (Findley, 1989).
Il existe cependant des migrations féminines individuelles et volontaires. Au sein du continent africain, certaines femmes, plus âgées, arrivent en ville pour recommencer leur vie après un divorce. Elles peuvent alors exercer le métier de commerçante, ce qui leur permet de subvenir aux besoins de leurs enfants. D’autres sont des commerçantes professionnelles qui sont obligées de migrer de par leur métier. Ces dernières ne sont pas mariées ou ont de grands enfants, ce qui les rend plus indépendantes vis-à-vis de leur ménage. Elles choisissent la destination de leurs migrations suivant les opportunités du marché. Enfin, quelques femmes, récemment installées en ville, choisissent une profession bien plus lucrative que celle de petite commerçante, la prostitution, ce qui leur permet de gagner jusqu’à dix fois plus que leurs congénères. Les années de sécheresse sont particulièrement favorables au développement de cette activité (Findley, 1989). On a vu apparaître aussi des cas de migrations féminines de travail en Occident mais elles sont beaucoup plus rares.
Outre ces raisons économiques, un refus de mariage forcé, un divorce, le désir de ne pas rester dans un foyer désuni, la volonté de réussir par soi-même, la recherche d’une liberté individuelle refusée par les structures traditionnelles encore trop rigides peuvent pousser les jeunes filles sans formation professionnelle à partir (Bardem, 1993).
Globalement toutes ces motivations se combinent. Les contraintes économiques s’ajoutent aux difficultés relationnelles, le désir d’aventure se trouve accru par les mirages occidentaux et chaque migrant, à divers degrés, subit les pressions de toutes ces raisons qui le poussent en définitive à partir. Mais où ? Lorsque ce départ se fait vers l’Occident, il n’est pas non plus le fruit du hasard ; comme en Afrique les anciens réseaux se renouvellent régulièrement par l’arrivée de nouveaux migrants. Cependant, si les réseaux restent, leur emplacement en revanche peut évoluer et la France n’est plus alors le pays attracteur principal.