Niamey, pôle des migrations de retour

Deux résultats semblent ressortir des études et préciser les destinations. Tout d’abord les individus reviennent à l’endroit d’où ils sont partis. C’est ce qu’observe Bikatt Bimaï (1992) pour les Camerounais ayant vécu en France et qui, partis de Douala ou de Yaoundé, reviennent s’installer dans ces villes pour y chercher du travail. D’autre part, les villes attirent de plus en plus les individus après le retour. Ainsi les migrants burkinabés (venus d’autres pays d’Afrique ou d’Europe) revenaient en 1973 à 90 % dans des zones rurales alors que ce n’est plus le cas que pour 78 % d’entre eux en 1985. Les grandes villes telles que Ouagadougou et Bobo Dioulasso sont privilégiées (Blion, 1992). Il semblerait que leur choix dépende de leurs qualifications professionnelles, de leurs études et de l’espoir qu’ont les migrants de valoriser celles-ci. Ainsi, Gregory et Piché (1983) indiquent que les vétérans militaires retournent non dans leur village d’origine, mais plutôt dans une ville voisine et même dans la capitale territoriale ou coloniale. De même un étudiant de niveau supérieur aura plus de facilités pour travailler à Niamey que dans une petite ville, ne serait-ce que par la présence de l’université, de centres de recherche ou d’entreprises, absents à l’intérieur du pays.

Quel que soit le motif du migrant en Occident pour rentrer, les flux sont difficiles à comptabiliser. On évaluait en 1986 à 60 000 ou à 70 000 le nombre de retours spontanés annuels d’étrangers qui quittaient définitivement la France après y avoir séjourné un certain nombre d’années (Le Moigne, 1986). Lebon avait proposé une méthode d’évaluation du volume de ces retours (Zamora, Lebon, 1985) depuis la France mais il ne nous a pas été possible de réunir l’ensemble des données nécessaires à ce calcul pour le Niger, les fichiers INSEE étant agrégés sur les nationalités ouest-africaines dans les recensements anciens en ce qui concerne les naissances ou les décès de ces personnes en France.

Ainsi, migrants ruraux et migrants en Occident de retour se retrouvent dans la capitale nigérienne. Ils viennent augmenter la masse des natifs de la ville qui ne l’ont jamais quittée et des migrants venus de l’intérieur du pays ou d’autres pays d’Afrique. C’est au rythme de ces flux que Niamey s’est transformée et s’est agrandie.