II - 1 : Stabilité géographique des quelques vieux quartiers centraux et des anciens villages

Une grande partie de ce que nous appelons anciens villages et ancien centre de Niamey, à savoir ceux établis avant la seconde guerre mondiale, ont conservé leur emplacement initial : le même nom est attribué au même endroit au fil des générations. Pourtant, des premiers quartiers, certains ont disparu : Gandatié (regroupé avec Kouara Tégui), Maourey Ganda (fusionné avec Zongo), Maourey Béné ou Kabékawara (le quartier des barbus, créé par des missionnaires catholiques) n’apparaissent plus sur les cartes et sont rarement cités par les citadins d’aujourd’hui. Mais, d’autres, au contraire, ont survécu aux remaniements et aux déguerpissements. Ainsi le Petit Marché et Zongo datent des années 30 et n’ont pas changé d’emplacement (Poitou, 1984). Zongo, qui signifie “ paillotes ” en haoussa, désignait alors le quartier des étrangers, par opposition au “ birni ”, installations permanentes derrière de hautes murailles (Bernus, 1969). En 1936, le zongo de Niamey, jusqu’alors embryonnaire, se développe en tant que tel, rassemblant des commerçants haoussas venus pour la plupart de Sokoto et des tirailleurs bambaras établis après la conquête (Poitou, 1984). Deizeibon apparaît peu après (Sidikou, 1980) et reste lui aussi en place.

Les premiers quartiers de Niamey, créés par les colons sont les plus stables géographiquement. Il s’agit d’abord des terrains militaires, actuellement appelés casernes, datant de 1905 (Poitou, 1984). Ils se situent sur le versant Est du thalweg. A l’opposé la ville blanche est prévue à la même époque en amont de l’oued qui joue déjà le rôle de séparation entre la ville blanche et la ville noire (Bernus, 1969). Les aménagements nécessaires à cette nouvelle position sont nombreux et notamment urbanistiques, les questions d’hygiène et de sécurité devant être réglées pour l’arrivée des Européens (Poitou, 1984 ; Sidikou, 1980) et pour répondre à l’accroissement important de population car, si en 1930, la ville comptait 1 000 habitants (Sountalma, 1991), l’année suivante ce nombre s’élevait à 2 168 (Bernus, 1969). Vers 1930 à l’Ouest de la ville se créent donc les quartiers administratifs, formant, avec les logements des européens, la ville haute, le quartier des “ indigènes ” se trouvant dans la ville basse. Le Gunti Yéna est alors transformé en parc (Seybou, 1995) (carte 2-3). Cette ville blanche se transforme en quartiers résidentiels pour fonctionnaires noirs remplaçant les coopérants blancs après l’indépendance (Poitou, 1984) et correspond approximativement au quartier Plateau 1.

Source : Poitou, 1984

Les anciens villages environnants, Yantala, Gamkallé, Goudel, Saga ont été progressivement rejoints par l’ancien noyau urbain. Yantala semble avoir été l’un des premiers dans ce cas, du fait de l’extension de la ville blanche dans les années 30 alors qu’à la même époque Gamkallé est encore préservé comme le montre la carte 2-2 (Poitou, 1984). Mais dès 1952, lorsque la ville de Niamey est créée, les villages de Yantala et de Gamkallé y sont inclus. Goudel n’est rejoint que dans les années 60, non seulement parce que la ville grandit mais aussi parce que les villages périphériques croissent de manière anarchique (Motcho, 1991). Lamordé, sur la rive droite du fleuve reste un canton éloigné tant que le pont n’est pas construit et que l’université n’est pas créée, ce qui fut fait vers 1970 (Motcho, 1991). Ainsi, entre 1960 et 1970, on peut y compter 25 000 habitants peuls contre 100 000 citadins environ dans Niamey (Bernus, 1969). Il faut remarquer ici que jusque dans les années 70 il existait de nombreux gros marchés locaux dans ces villages, à Lamordé, Gamkallé, Yantala et Goudel par exemple, qui faisaient concurrence aux principaux marchés de l’ancien centre (Bernus, 1969). La structure urbaine était donc probablement plus multipôlarisée qu’elle ne l’est actuellement.