II - 2 : Des quartiers aux localisations mouvantes

Quelques autres vieux quartiers, du fait des déguerpissements de population successifs, se sont déplacés au gré de l’histoire des lotissements (carte 2-4). Par exemple, un incendie en 1935 provoque un premier grand déplacement des populations du bord du fleuve malgré les réticences affirmées des citadins (Poitou, 1984). Ainsi, Kalley s’installe alors autour du champ de courses de l’époque (Bernus, 1969) et devient une partie de Lacouroussou. Deux autres exemples sont particulièrement flagrants parce que les relocalisations de ces quartiers sont maintenant très éloignées de leur emplacement originel, il s’agit de Gaweye et de Foulani Kouara.

Source : Poitou, 1984

Le quartier Gaweye a été fondé en bordure du fleuve par des Songhay-Kurtey de Gao au XIXéme siècle (Sountalma, 1991). Dans les années 30, il se situe toujours là, aux abords du Petit Marché. S’y logent aussi des étrangers haoussas ainsi que, à partir de 1927, des jardiniers bambaras (Poitou, 1984). Pour conserver l’activité des pêcheurs, ce quartier n’est pas déguerpi en 1935 après le grand incendie. Les autorités vont attendre 1979 pour le déplacer de l’autre côté du fleuve, sur la rive gauche (Poitou, 1984). Ce déplacement a été motivé par la construction d’un hôtel de classe internationale, du Palais des Congrès et du bâtiment de l’ONAREM (Poitou, 1984). Gaweye se situe maintenant derrière Agrimet, il a été fusionné avec le quartier Pont Kennedy.

On l'a dit, dès le XIXéme siècle, de nombreuses populations ont afflué vers Niamey. Il en a résulté des regroupements, des alliances matrimoniales ou au contraire des ruptures avec les groupes d’origine, qui aboutirent à la création du quartier peul de Foulani Kouara. Pendant la colonisation, dans les années 30, ce quartier accueillait des forgerons peuls et des éleveurs haoussas (Poitou, 1984). Construits en paillotes, ce quartier a été déplacé à plusieurs reprises, au fur et à mesure du lotissement des terrains. Il est resté constamment aux franges de la ville. Ainsi, il a été déplacé une première fois en 1931 à l’emplacement du Palais de Justice, puis en 1933 à l’emplacement du lycée, une troisième fois en 1936 sur celui de la Maison de la Radio pour atteindre en 1938 les antennes de Radio Niger, derrière le Gunti Yéna où il est resté au moins jusque dans les années 70 (Bernus, 1969). Il se situe actuellement au Nord de la ville, séparé par une bande de terre de quelques kilomètres des premières habitations en banco 9 .

Notes
9.

Le banco est une sorte de pisé fait de glaise mélangée à de la paille et formant des briques séchées au soleil.