Un équipement des ménages très bas

En 1986, à Niamey, un ménage sur six environ possédait une automobile. Parmi eux, un sur dix en avait plus d’une. 2 % des ménages possédaient en outre une camionnette comme véhicule principal ou en complément de la voiture. Le parc automobiles et camionnettes était alors estimé à 12 250 véhicules et seuls 16 % des ménages étaient motorisés, si l’on ne compte pas les deux-roues moteur. Mais, même en les incluant, la moitié des ménages était captive. C’était en général les ménages les plus pauvres, puisque 80 % d’entre eux avaient des revenus inférieurs à 30 000 FCFA par mois. De fait, 62 % des habitants du centre et logeant en banco, ainsi que 60 % des habitants des anciens villages et de la périphérie logeant en banco ne possédait aucun véhicule (Ministère du Commerce et des Transport, 1986).

Comparativement, l’enquête-ménages de 1996 nous permet d’avoir des données plus récentes à ce sujet. Plus de la moitié des ménages (57 %) ne possède aucun mode de transport, et un ménage sur cinq une voiture. Ce taux est dépassé par celui du deux-roues dont un quart des ménages est possesseur. Le nombre moyen de véhicule par ménage, y compris les vélos, reste de fait faible : il est de 0,6. On aurait pu s’attendre à une augmentation plus forte du taux de motorisation par rapport à l’enquête de 1986 mais le phénomène de crise économique a freiné son développement. Les écarts en termes d’équipement transports des ménages en fonction de leur revenu sont abordés dans le quatrième chapitre.

Ville en mutation, Niamey est à l’image des petites capitales africaines. La marche à pied y est prédominante dans des quartiers pourtant de plus en plus éloignés du centre-ville où se trouvent les services administratifs, les grands marchés et les lieux de loisirs. La vie de quartier y est donc encore très riche, les marchés locaux sont encore nombreux en leur sein. Malgré tout, une élite aisée, caractérisée par de petits ménages, des chefs de ménages cadres supérieurs, ayant accès à la voiture sont les vecteurs annonçant un changement dans les modes de vie des citadins. L’échantillon des citadins que nous avons étudié englobe autant que possible la multiplicité des situations, depuis les ménages les plus favorisés aux individus les plus pauvres, les hommes et les femmes, les jeunes comme les plus âgés, sur un espace urbain large incluant les différents types de quartiers. La multiplicité des positions socio-économiques reflète alors l’hétérogénéité de la capitale.