III - 2 : Parcours migratoires

Ainsi que nous l’avons précédemment expliqué, nous avons enquêté auprès d’individus ayant des parcours migratoires particuliers.

Un groupe de migrants en Occident est composé de 30 individus. Leurs raisons de départ vers les pays du Nord se référent essentiellement à la poursuite d’études supérieures (19 individus). Six sont partis à l’aventure et les cinq derniers y ont été affectés de manière provisoire. La première destination est la France, et surtout Paris. S’y sont retrouvés notamment les aventuriers et les affectés. Les autres ont été en Belgique, en U. R. S. S., en Ecosse... Leur séjour en Occident fut relativement long (8 ans en moyenne) même si les aventuriers furent ceux qui y restèrent le plus longtemps (10 ans en moyenne) alors que les étudiants n’y ont été que 7 ans. Ils sont revenus dans la capitale depuis 5 ans en moyenne.

Les villageois (17 enquêtés) sont les individus nés au village qui n’ont pas migré en Occident et qui sont installés à Niamey. Arrivés à Niamey pour la première fois vers l’âge de 24 ans en moyenne, ils sont venus généralement y chercher du travail ou, mais de façon plus marginale, y poursuivre des études. Ils sont installés depuis 16 ans en moyenne à Niamey. Leurs villages d’origine se situent soit dans le département de Tahoua, soit dans celui de Tillaberi. Quelques uns (3) viennent aussi de la région de Dosso, ce qui correspond à l’origine générale des villageois de Niamey comme nous l’avons vu précédemment (carte 2-1).

Enfin, les Niaméens de naissance sont au nombre de 13. Un peu plus âgés que les enquêtés des catégories précédentes (48 ans en moyenne contre 42 pour les autres), ils habitent plutôt dans les quartiers centraux (sept individus) ou dans les quartiers riches (trois individus). Du fait de leur ancienneté en ville, sept d’entre eux habitent la concession familiale et deux autres sont propriétaires. Mais le fait d’être né à Niamey ne confère pas à tous ce statut privilégié puisque quatre autres sont en situation précaire, locataires ou hébergés gratuitement. Enfin, peu n’ont jamais quitté la ville, puisque la moitié d’entre eux a séjourné dans un autre pays d’Afrique.

Les indicateurs présentés, que ce soit le genre, la position dans le ménage, les activités professionnelles, les niveaux de revenus ou les parcours migratoires montrent la disparité socio-économique de la population de chefs de ménages et d'épouses constituant ici l'échantillon. En conclusion, l’analyse historique et démographique présentée dans ce chapitre a mis en évidence les interactions entre les histoires individuelles et la forme actuelle de la ville. L’afflux de migrants et les valeurs sociales dont ils ont été les vecteurs ont permis la transformation d’un village en une métropole nationale aux visages multiples. Ce sont ces derniers que nous allons maintenant tâcher de décrire, par l’intermédiaire de l’étude des représentations et des pratiques spatiales des citadins. Car, de leur combinaison, apparaîtra la pluralité des villes de Niamey au sein même de la capitale.