I - 1 : Un découpage socio-économique de la ville

A l’aide des questions relatives à des caractéristiques socio-économiques des quartiers de Niamey, nous pouvons mettre en évidence un découpage de la ville correspondant à l’image que les citadins s’en font en fonction de ces critères spécifiques. Les questions sont les suivantes : “ Selon vous, quels sont les quartiers :

  • - où habitent les personnes riches ?
  • - où habitent les personnes pauvres ?
  • - dangereux ?
  • - animés la journée ?
  • - animés la nuit ?
  • - où l’on vit comme au village ? ”

Les questions étant de type ouvert, les enquêteurs ont noté a priori les réponses exactes données par les individus. Cependant, des biais ont pu intervenir en fonction du zèle des enquêteurs dans un quartier d'enquête. Par exemple, sur la première question (“ où habitent les personnes riches ? ”), le nombre de réponses données peut doubler suivant les zones.

Nous posons ici l’hypothèse que ce biais est essentiellement dû à des différences de réponses et non d’enquêteurs. Cette hypothèse est d’autant plus plausible qu’il existe des écarts entre des individus habitant le même quartier et donc enquêtés par la même personne. Ainsi, pour les habitants de Madina (tableau 3-1), les différences hommes/femmes, aisés/pauvres ou jeunes/aînés à la première question peuvent être de près d’une réponse en moyenne.

  Nombre moyen de réponses à la question 1
Sexe
femmes 1,4
hommes 1,9
Age
moins de 35 ans 1,4
de 35 à 49 ans 1,7
50 ans et plus 1,6
Revenu individuel
aisés 2,5
modestes 1,8
pauvres 1,6

Globalement, le nombre moyen de réponses données à chaque question est comparable : il se situe entre 1,8 (pour la question sur les quartiers riches) et 1,4 (pour la question relative aux quartiers où l’on vit comme au village). De plus, peu d’individus n’ont pas répondu aux questions (13 % de notre échantillon), ce qui nous a permis de recueillir le maximum de réponses sur un large échantillon d’individus.

Nous avons considéré deux catégories de réponses : celles relatives à un quartier et celles relatives à un lieu. C’est ainsi que 47 quartiers ont été nommés dans les réponses (soit près des trois quarts des 67 quartiers de la ville) et nous avons identifié 10 lieux spécifiques qui seront détaillés ultérieurement, chacun d’entre eux ayant été étudié en particulier.

Le traitement des réponses de type “ quartiers ” s’est fait de la façon suivante : une analyse factorielle à composantes multiples a été effectuée sur un tableau indiquant pour chacun des 47 quartiers le nombre de citations recueillies par question, puis il a été procédé à une classification ascendante hiérarchique sur le fichier des résultats. Nous avons ainsi obtenu un zonage géographique des représentations spatiales de la population étudiée. Six zones ont été discernées :

  • -  une zone où habitent les riches,
  • -  une zone où habitent les pauvres, de type village,
  • -  une zone où habitent les pauvres et qui est dangereuse,
  • -  une zone uniquement qualifiée de dangereuse,
  • -  une zone animée la nuit,
  • -  une zone animée le jour.

Ces zones sont distinctes par construction, c’est-à-dire qu’un quartier ne peut pas appartenir à deux d’entre elles. Il faut ici remarquer que l’association quartier villageois et quartier dangereux n’a pas été faite. Globalement le village garde une image positive de zone sûre.

Ce premier aperçu présente la structure de Niamey telle qu’elle se dégage de l’ensemble des réponses. Dans la suite, nous présentons question par question, les réponses principales. Pour conclure, nous analysons la structure urbaine générale qui en résulte.