Les quartiers dangereux où habitent les pauvres

Si l’association dangereux et villageois n’a pas été faite, une partie de la population pauvre de Niamey se caractérise par sa pauvreté et l’insécurité qui lui est inhérente. 12 quartiers ont reçu ces deux qualificatifs : Couronne Nord, Dar Es Salam, Djidah, Gaweye, Karadjé, Bagdad, Lazaret, Madina, Banga Bana, Banifandou, Boukoki et Route Filingué. Au moins un de ces quartiers est cité dans 36 % des réponses à la question de l’habitat des pauvres, et dans 57 % des réponses relatives à l’emplacement des quartiers dangereux.

Ce sont en général des quartiers lotis récemment et vendus à des prix modiques. Ils abritent souvent des migrants venus s’installer en ville, qui ne peuvent habiter le centre trop dense et trop cher. En effet, lorsque nous comparons le lieu de naissance et la zone actuelle d’habitation (tableau 3-2), il apparaît que les natifs du village se retrouvent plus dans cette zone alors que les natifs de Niamey habitent les zones animées (zones centrales ainsi que nous allons le montrer) ou villageoises (zones rattachées). De fait, Couronne Nord, Djidah, Bagdad, Lazaret, Madina, Banga Bana, Banifandou sont le résultat de l’extension de la ville vers le Nord-Est dans le milieu des années 60 (Poitou, 1984).

Lieu de naissance
Zone habitée
Niamey Village Autre ville Total
Animée le jour 39 24 37 100
Animé la nuit 34 44 22 100
Dangereuse et pauvre 22 51 27 100
Villageoise et pauvre 34 45 21 100
Riche 0 75 25 100
Remarque : la zone dangereuse n’apparaît pas parce qu’elle n’est pas habitée.

Ce sont aussi des lieux d’accueil des expulsés des quartiers centraux lors des opérations de lotissements de l’après indépendance. Ainsi, même si Gaweye est un ancien quartier, son emplacement actuel est le résultat d’un déguerpissement et d’un relotissement en 1979 et Route Filingué est le quartier d’accueil des déguerpis de Talladjé (Poitou, 1987).

Ils regroupent donc une partie des exclus urbains, migrants villageois, ou Niaméens déguerpis. Leur caractère récent et leur pauvreté en font des lieux socialement peu sûrs.