III - 2 - a : Une préoccupation forte, le sentiment de sécurité

Si nous étudions l’écart entre les caractéristiques désirées et possédées (graphe 3-7), plusieurs observations sont à signaler. Tout d’abord, ce n’est pas parce qu’une caractéristique est importante, qu’elle n’est pas présente dans le quartier. Ainsi, plus de 60 % des individus déclarent avoir des relations dans leur voisinage avec leurs parents ou amis mais 80 % trouvent que c’est important.

Ensuite, le quartier peut montrer une qualité non choisie parmi les trois les plus importantes : 69 % estiment avoir de la place dans la concession mais cette qualité fait partie des préoccupations de seulement 27 % de la population.

Enfin, les écarts observés sont tous positifs. La raison principale vient de la forme même des questions. Il a été demandé, dans un premier temps, de citer trois caractéristiques importantes, puis, dans un deuxième temps, les caractéristiques du quartier d’habitation, sans limites de nombre. Le quartier d’habitation possède donc plus de qualités que les individus n’ont cité de caractéristiques importantes.

GRAPH015

Note : les % en haut des colonnes indiquent les écarts entre le taux d’individus ayant décrit leur quartier comme ayant la caractéristique indiquée et le taux d’individus ayant déclaré comme importante la caractéristique correspondante.

L’analyse à ce niveau ne peut pas être plus détaillée. En effet, dire que 81 % des individus ont des commerces à proximité et que 38 % jugent que c’est important est trop vague : les 38 % ont ou non des commerces de voisinage. Nous ne pouvons pas en déduire si cette opinion exprime un voeu ou constitue un indice de satisfaction. Or, si nous reprenons l’étude de la première question (les trois qualités) pour ceux dont les quartiers n’ont pas la qualité indiquée (graphe 3-8), nous pouvons observer que la sécurité est la préoccupation la plus importante. Près de 40 % des individus qui se sentent en insécurité dans leur quartier la réclament. En deuxième position, nous trouvons les relations sociales de proximité. Les autres qualités remportent peu de suffrages : ne pas les avoir n’est pas un réel problème. Ces faibles taux expliquent les hauts scores généraux obtenus quant à l’appréciation de son quartier d’habitation. D’ailleurs Gervais-Lambony fait les mêmes observations dans son enquête au Togo. “ [...] beaucoup d’enquêtés nous ont dit : “ je suis obligé d’aimer ce quartier puisque j’y vis et que j’y ai ma maison ”. Ces citadins se satisfont de leur quartier parce qu’ils n’ont pas le choix, ils mettent en outre un point d’honneur à affirmer leur satisfaction (laquelle est signe de réussite) ” (Gervais-Lambony, 1994, p. 347). Il remarque aussi que les citadins ne choisissent pas un quartier en fonction de critères prédéfinis mais apprécient à terme leur environnement avec ses caractéristiques. Nous pouvons peut-être aussi y voir un effet de l’esprit de fatalité développé au Niger du fait de l’influence de l’Islam. Nous verrons cependant que les couches de la population n’obéissent pas toutes à ce schéma.