Lors de l'enquête transport de 1985, la mobilité est évaluée en moyenne à 2,4 déplacements par jour et par personne. Les principales observations auxquelles nous avons eu accès se rapportent aux différences de niveau de mobilité en fonction de critères sociaux. Tout d’abord, “ les hommes se déplacent plus que les femmes (3,3 déplacements quotidiens contre 1,5) ”. Ensuite, “ les chefs de ménage se déplacent plus que leurs dépendants ”. De même, la mobilité augmente avec le niveau d’instruction (5,8 déplacements quotidiens pour les personnes ayant fréquenté l’enseignement supérieur contre 1,9 pour celles qui n’avaient reçu qu’un enseignement primaire). Les étudiants (4,2 déplacements) et les actifs occupés (3,8 déplacements) se déplacent davantage. Les femmes au foyer se déplacent peu. Enfin, “ la mobilité augmente avec le revenu disponible des personnes ” : les personnes gagnant plus de 100 000 FCFA par mois se déplacent deux fois plus que celles qui en gagnent moins de 10 000 par exemple (Ministère du Commerce et des Transports, 1986, p. 22). En revanche, la mobilité ne varie pas en fonction du type d’habitat.
Les motifs de déplacement sont principalement liés à des motivations personnelles et aux loisirs qui représentent la moitié des déplacements quotidiens. Les déplacements motivés par le travail sont fortement motorisés, puisque 30 % d’entre eux s’effectuent à pied, 17 % en moto, un quart en voiture. Le mode de transport dépend aussi de la position sociale des individus. En effet, si 91 % des déplacements des cadres supérieurs s’effectuent en voiture, ce taux ne s’élève qu’à 44 % chez les cadres moyens et à 18 % chez les employés. Plus les revenus sont faibles, plus le taux de déplacement à pied est important, les transports en commun ne concernant que les revenus intermédiaires (Ministère du Commerce et des Transports, 1986).
Il est difficile de comparer ces résultats à ceux de l'enquête-ménages de 1996, du fait des différences dans les échantillonnages et dans les recueils de données. Néanmoins, il apparaît 18 (Diaz Olvera et alii [2], 1999) que le niveau moyen de mobilité de l’ensemble de la population de 1996 est équivalent à celui de 1985 et qu’il s’élève à 2,4 déplacements par jour et par personne environ. En outre, corrélativement à la baisse de la motorisation indiquée plus haut, la mobilité mécanisée tend à diminuer légèrement au profit des modes collectifs (les bus notamment). Ainsi la part de la marche à pied dans la mobilité totale passe de 47 % en 1985 à 52 % en 1996 et celle des bus double. Cette baisse conforte les effets de la crise économique puisqu'elle rend plus pénibles les sorties hors du quartier, notamment pour les plus pauvres qui ne peuvent pas employer les transports collectifs. Ne pouvant aller plus loin dans la comparaison, la présentation suivante est consacrée à la mobilité quotidienne de l'échantillon choisi. Ce portrait général de la population est intéressant puisque la population de chefs de ménage et d’épouses a en commun d’être à la tête, si ce n’est financièrement du moins socialement, d’un ménage, des enfants et des dépendants hébergés. Leur mobilité est donc particulière dans le sens où cette responsabilité entraîne des déplacements supplémentaires notamment en termes de travail, d’entretien du ménage et d’accompagnement. De façon globale, le nombre moyen de déplacements par jour est de 4,2. 13 % des chefs de ménages et des épouses ne se sont pas déplacés du tout la veille de l’enquête. Il ne faut cependant pas oublier que les moyennes présentées ne reflètent pas les écarts au sein de la population entre les différents groupes sociaux.
Quelques extrapolations ont été effectuées à partir des données de l’enquête-ménages (qui ne concernait que les individus de 14 ans et plus) afin de comparer les résultats avec ceux de l’enquête transport de 1985 qui, elle, s’intéressait à la mobilité des plus de 6 ans.