Motifs des déplacements vers le centre-ville

En moyenne 83 % des individus ont déclaré fréquenter le centre-ville pour au moins un des motifs évoqués, ce qui est également le cas de 93 % des citadins n’habitant pas le centre. Ceux qui n’ont pas répondu ou ont répondu non à ces questions sont ceux qui a priori, soit ne fréquentent pas le centre, soit n’accordent pas de sens à ce mot. En fait, les déplacements ayant une extrémité dans le centre représentent 14 % de la mobilité totale de la veille. Cet écart entre la fréquentation déclarée et celle observée montre que le centre-ville est loin d'être un lieu de pratiques quotidiennes : les occasions de s'y rendre sont plus rares pour une grande partie de la population, ce qui est directement lié au motif même des déplacements.

Les motifs de fréquentation sont essentiellement commerciaux ou relationnels. 67 % des individus disent y effectuer des achats et 55 % y rendre des visites (graphe 3-13). Cependant en ce qui concerne les déplacements de la veille en semaine, la vie quotidienne comme la sociabilité ne motivent qu'un quart des déplacements radiaux, le travail étant alors majoritaire (47 % de ces déplacements). En fait, en semaine, ce sont les actifs qui s'y déplacent le plus régulièrement alors que la fréquentation des lieux d'achats centraux est moins régulière, bien que l'emplacement à cet endroit des deux grands marchés de Niamey constitue un pôle attractif certain. Il faut également noter que la présence de services administratifs comme la mairie au niveau du Petit Marché occasionne une fréquentation pour des démarches administratives (pour ce motif, la part des déplacements de la veille est de 8 % et celle des individus ayant déclaré s'y rendre de 13 %). Le cinéma de la rue Vox et quelques bars avoisinants sont aussi des lieux dans lesquels les individus se rendent pour se distraire.

L’importance du phénomène de visites (presque un quart des déplacements de la veille est effectué pour rendre des visites et plus de la moitié des individus déclare y aller pour cette raison) rappelle que le centre est aussi à Niamey un espace résidentiel, fonction oubliée dans de nombreuses études. Par exemple, Nkaya, dans sa thèse sur Brazzaville de 1990, identifie 3 fonctions principales : la première administrative et politique, la seconde commerciale et la troisième économique. Il répertorie aussi trois raisons de fréquentation : achats, travail et services rares (administratifs) (Nkaya, 1990). Or la densité de population du centre-ville à Niamey en fait une zone attractive non seulement pour des raisons économiques mais également sociales.

Ces différents types de motifs sont interdépendants. Globalement, pour ceux qui fréquentent le centre, nous avons pu identifier 4 types de comportements 19 .

  • Pour la moitié des individus (546 individus, soit 49 %) le centre représente un lieu de loisirs et/ou le lieu des visites rendues, en même temps qu’un lieu à fonction commerciale puisque 73 % d’entre eux y effectuent aussi des achats. Mais aucune autre raison ne motive leurs déplacements vers le centre. Cet usage est noté “ relationnel ”.
  • 243 individus (22 %) n’y vont que pour y effectuer des achats. Cet usage est noté “ commercial ”. Mais il peut être plus complexe qu’il n’y paraît. En effet le rôle des marchés dans la vie sociale d’une ville n’est pas négligeable : c’est le lieu des rencontres, des échanges d’information par exemple (Frémont, 1982). Il peut donc ne pas être uniquement contraint.
  • Un troisième groupe, composé de 197 personnes (18 %), associe plusieurs types de motifs : travail, démarches, loisirs, visites. 83 % d’entre eux font d’ailleurs aussi leurs achats dans le centre. Ils en ont donc un usage complexe : nous le notons “ multiple ”.
  • Enfin, 123 individus (11 % des individus fréquentant le centre et ayant répondu à toutes les questions sur les motifs de fréquentation) ne vont pas dans le centre pour des motifs de loisirs ou de visites, ils y vont uniquement pour travailler ou pour y effectuer des démarches administratives. La fréquentation du centre est alors purement “ contrainte ” et fonctionnelle. Il faut remarquer que 70 % d’entre eux y font aussi des achats, peut-être par opportunité. Nous notons ce comportement “ fonctionnel ” par la suite.

Dans toutes ces catégories, les achats prennent une part importante. C’est en effet une des fonctions principales du centre, ce qui explique sa localisation autour du Petit et du Grand Marché. Cette observation confirme bien le lien entre localisation et fréquentation.

Notes
19.

Résultats obtenus à partir d’une analyse factorielle sur la population de notre échantillon fréquentant effectivement le centre et ayant répondu à toutes les questions sur la fréquentation du centre, soit 1 109 individus.