La mobilité quotidienne sera ici étudiée sous deux angles. Tout d’abord, les écarts entre les types de fréquentation déclarée du centre-ville sont ici intéressants, même si, en ce qui concerne sa localisation, les hommes et les femmes ont répondu de façon équivalente. Ensuite, les données générales sur la mobilité de la veille de l’enquête montrent, elles aussi, des écarts en termes de motifs, de lieux et de niveau de mobilité entre les genres.
Seuls 4 % des hommes n’ont pas du tout répondu à la question sur la localisation du centre-ville contre près de 16 % des femmes. De plus, tous les hommes disent y aller alors que ce n’est le cas que des deux tiers des femmes. Donc, les hommes en ont une meilleure connaissance. De plus les fréquentations en sont elles-mêmes différentes. Les hommes y vont pour des raisons plus fonctionnelles et multiples (graphe 4-3) car ils y trouvent à la fois un lieu pour exercer leur activité, pour rencontrer des amis et pour effectuer des démarches. Les causes principales sont ici sociales : ils travaillent plus que les femmes et hors de leur quartier, ils contribuent moins aux tâches ménagères et exercent leur sociabilité plus à l’extérieur du quartier.
C’est en effet ce que montre l’étude de leur mobilité quotidienne. Un tiers seulement des déplacements masculins s’effectue à l’intérieur du quartier d’habitation contre la moitié des déplacements féminins. En fait, ce sont leurs déplacements pour le travail ou pour des motifs de sociabilité qui sont relativement diversifiés en termes de lieux (tableau 4-2). Ainsi, la moitié des déplacements féminins de sociabilité sont internes contre 38 % des masculins. De même, 30 % des déplacements des femmes pour le travail se font à l’intérieur du quartier contre 15 % de ceux des hommes.
Localisation Motif |
Interne | Limitrophe | Radiale | Eclatée | Autre | Total | |||||||||||||||||||||||||||||
Sociabilité |
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Travail |
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Vie quotidienne |
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Note : % par rapport au total des déplacements pour chaque motif |
Si la vie quotidienne se déroule pour les hommes dans le quartier, c’est qu’elle est essentiellement composée des sorties pour la prière à la mosquée la plus proche, au moins une fois par jour puisque la religion motive 65 % de leurs déplacements pour vie quotidienne, soit 1,4 déplacements en moyenne par jour et par personne. Il ne faut cependant pas oublier qu’aller à la mosquée permet d’entretenir de façon informelle ses réseaux de relations et qu’elle est donc partie prenante de la sociabilité des hommes (Sountalma, 1991).
En conclusion, les hommes ont une relation plus étendue avec l’espace urbain que les femmes. De par leur travail, ils sont amenés à s’y déplacer, ils ont aussi l’opportunité de tisser des relations dans différents quartiers. Cette pluralité des pôles urbains attractifs est illustrée en partie par l’attrait pour le centre-ville qui est à la fois un lieu d’activités professionnelles, de loisirs et de commerces. Le quartier garde cependant son importance sociale par le biais des fréquentations quotidiennes des mosquées, lieu de prière et de rencontres. Ainsi, les hommes répondent plus largement aux questions posées, ils ont une connaissance plus grande de la ville. Le quartier devient non plus un lieu privilégié de vie mais plutôt un espace de transit. Il faut aussi signaler que le travail leur donne une indépendance financière leur permettant d’avoir accès à des modes individuels de déplacements (95 % des femmes sont des captives contre 57 % des hommes). Ils sont donc plus autonomes, plus indépendants. D’ailleurs, en semaine, 54 % des déplacements des femmes en moto ou en voiture sont effectués en tant que passager, contre seulement 7 % de ceux des hommes. Les femmes sont, en revanche, plus exigeantes sur le quartier d’habitation où se déroule la plupart de leurs activités.