II - 1 : Des représentations plus centrées sur le quartier d’habitation

Concernant les représentations de la ville de Niamey, l’analyse montre que les femmes répondent globalement moins que les hommes. Aux questions relatives au zonage socio-économique, près de 20 % d’entre elles ne donnent aucune réponse, alors que ce taux est en moyenne de 10 % pour les hommes (graphe 4-4). De plus, plus d’un tiers des femmes a répondu “ Ne sait pas ” à la question des quartiers animés la nuit, alors que ce n’est le cas que de 14 % des hommes. Les raisons en sont en partie sociales : il n’est pas bien vu, traditionnellement, qu’une femme sorte la nuit et qu’elle connaisse les lieux de distraction. Donc, une non réponse peut être le résultat à la fois d’une méconnaissance de la ville et d’une norme sociale imposée. Dans tous les cas, une femme ne doit ou ne peut pas connaître l’ensemble des espaces urbains.

Les représentations féminines du quartier d’habitation (graphes 4-1 et 4-2) sont plus tournées vers la qualité de vie à l’intérieur de celui-ci, de façon concrète, et en ont une représentation plus “ villageoise ” que les hommes. Se référant à leur appartenance à un groupe social, la notion de proximité va être plus importante pour elles que pour les hommes. Cette opposition hommes individualistes / femmes socialisantes (de façon artificiellement caricaturale évidemment) est une observation faite par Lorenzi-Cioldi (1988) même si le contexte culturel occidental est différent : ‘“ [...] la féminité qui [...] reste prise dans un réseau de relations sociales, s’accorde davantage avec la définition des groupes dominés’ ” (Lorenzi-Cioldi, 1988, p. 47).

Ces différences de rapport au quartier entre les hommes et les femmes s’expliquent à la fois par les taux d’activité et par la localisation du lieu de travail. Les femmes travaillent moins et lorsqu’elles occupent un emploi, c’est souvent dans leur quartier, ce qui expliquerait une représentation villageoise de leur environnement qui concentre sur un espace réduit la plupart de leurs activités journalières. Enfin, leur représentation socialisante est due en partie à leur dépendance financière qui les rend captives, non seulement de leur ménage mais aussi d’un environnement qu’elles vont tenter de rendre sécurisant. C’est cet effort, qu’avait étudié Sidikou (1980), qui poussait les femmes à être plus sensibles aux avantages qu’il avait appelés “ psychologiques ” du quartier (il s’agit essentiellement du sentiment de sécurité en fait) ainsi qu’à l’environnement social.

Enfin, le fait que le quartier d’habitation, plus que le logement, plus que les autres espaces urbains, a beaucoup d’importance dans les représentations spatiales féminines comparativement aux masculines, ne peut être dissocié d'une mobilité quotidienne des femmes essentiellement restreinte à cet espace.