II - 1 : Des écarts entre les référents sociaux

De même que pour les hommes, la zone animée la nuit plus que le jour perd, pour les aînées, son caractère d’animation de nuit mais renforce son statut de zone riche ou pauvre selon les cas. D’ailleurs, en termes de lieux, les adultes citent plus que les jeunes des lieux tels que le cinéma Soni et les cases de Route Filingué au détriment de centres de distraction tels que le cinéma Zabarkan et le C. C. O. G. : les individus se référent toujours, à propos de la ville, à ce qu’ils ont connu dans le passé.

En outre, plus le groupe d’individus est âgé, moins il indique un nombre important de quartiers différents par réponse. A cela, nous pouvons supposer une explication liée à un effet de génération. Les aînées peuvent moins connaître la ville, elles indiquent moins de quartiers car, en fait, elles les ignorent. Cette hypothèse est confirmée par le fait que ce sont elles qui répondent le moins aux questions posées (par exemple un quart ne répond pas à la question sur l’animation de jour contre 16 % des jeunes et 21 % des adultes seulement) et que le nombre moyen de quartiers indiqués par question est plus faible que pour les plus jeunes (à la même question sur l’animation de jour, les aînées indiquent 0,9 quartier en moyenne par individu, les jeunes 1,3 et les adultes 1,2).

En ce qui concerne le quartier d’habitation, nous avons vu que l’attachement augmente avec l’âge et la durée de séjour (graphe 4-8). Pour celles qui voudraient déménager, il apparaît que les aînées sont plus attirées par le centre et moins par les quartiers riches que les plus jeunes : effet de cycle de vie et de génération dans lequel nous pourrions observer un changement de mentalité ; ce qui attire les jeunes c’est une certaine qualité de l’environnement plutôt qu’un rapprochement par rapport à d’autres centres d’intérêt (marchés ou parents).

Cette hypothèse est confirmée par l’étude de représentations du quartier d’habitation (graphe 4-9). Les jeunes femmes ont des représentations plus individualistes que les autres. L’attrait des quartiers riches en était un des signes, à cela s’ajoute l’importance accrue donnée à la place dans la concession et au raccordement aux réseaux. Elles désirent plus de modernité, et sont de ce fait plus “ urbaines ”. De plus, elles accordent de l’importance au coût du logement, dans un souci sans doute en partie d’économiser pour devenir propriétaires. Les responsabilités des adultes sont plus grandes : elles ont des enfants, travaillent plus fréquemment et sont donc plus enclines à s’intéresser à la fonctionnalité de leur quartier (proximité des voisins, du lieu de travail, des commerces et des écoles). Enfin, les aînées n’ont plus ce soucis. Elles mettent plus l’accent sur le calme, ce qui leur donne une représentation plus attachée à la qualité du quartier que leurs homologues plus jeunes : en fait, elles se sentent particulièrement en sécurité dans un quartier où elles connaissent la plupart des habitants, jeunes ou vieux. Comme leurs déplacements se font plus rares, elles ne perdent pas de vue la fonctionnalité de leur quartier (proximité des marchés). Ce détachement par rapport au quartier reste cependant associé à une référence constante au groupe, celui-ci se manifestant par des visites plus que par d'autres activités sociales (comme les achats) menées par les plus jeunes. D’ailleurs les femmes les plus âgées se font aider et font plutôt rarement leurs achats dans le centre-ville contraiment aux jeunes. Cependant, à tout âge, la sociabilité, accompagnée éventuellement des achats, reste le principal motif de fréquentation du centre.