II - 2 : Une mobilité quasi inchangée pour les femmes

Comme les activités féminines se modifient peu avec l’âge, les caractéristiques de leur mobilité urbaine quotidienne évoluent peu. Globalement, les aînées se déplacent autant que les plus jeunes, seulement elles sont un peu plus nombreuses à ne pas se déplacer du tout : c’est le cas de 19 % des jeunes et de 29 % des aînées en semaine. Mais cet écart est le seul significatif entre les groupes d’âge. En semaine, le mode de déplacement principal est la marche à pied quel que soit l’âge et en conséquence, pour toutes les femmes, c’est dans le quartier d’habitation que se situent les principales destinations des sorties. Les jeunes, les adultes et les aînées se déplacent aux mêmes heures et pour les mêmes motifs. Un changement léger cependant : la religion prend une place plus importante car les femmes les plus âgées peuvent se rendre dans les mosquées, elles accomplissent de fait moins de démarches et d’accompagnement.

Globalement, en semaine, à l’intérieur du quartier, les femmes les plus âgées se déplacent préférentiellement pour rendre des visites, car elles sont sans doute déchargées en partie des tâches ménagères. En effet, le nombre moyen de déplacements quotidiens pour la sociabilité n’évolue pas avec l’âge (il est d’environ 0,5) alors que le nombre de déplacements pour des motifs liés à la vie quotidienne diminue légèrement (il est de 0,9 pour les jeunes, de 0,7 pour les adultes et de 0,6 pour les aînées). Ces dernières préfèrent en outre se déplacer en fin d’après-midi alors que les adultes et les jeunes fréquentent leur quartier le matin. Les jeunes sortent aussi plus fréquemment en soirée (après 18h45).

En conclusion, le principal changement dû à l’âge est la diminution relative des déplacements pour la vie quotidienne, délégués aux autres membres du ménage, au profit des sorties pour raisons relationnelles. Les déplacements des adultes et des aînées se centrent aussi un peu moins sur le quartier d’habitation pour s’étendre à d’autres parties de la ville. D’ailleurs Sidikou (1980) notait qu’avec l’âge, l’espace urbain “ de parenté et d’amitié ” dépasse les limites du quartier et même celles des quartiers voisins, et ce même si les plus âgées rendent moins de visites. Les raisons qui, selon lui, en sont à l’origine sont doubles et résultent d’une part de la taille des familles et de leur dispersion sur la ville et, d’autre part, de l’attachement des plus âgées à conserver les liens de solidarité familiaux. De plus, les femmes sont plus nombreuses à ne pas se déplacer du tout. Cependant, l’âge, pour les femmes, ne se traduisant pas par un changement fondamental de modes de vie, ces modifications restent en partie marginales.

Ainsi, globalement, l’âge est un déterminant plus important pour les hommes que pour les femmes. Les principales modifications observées chez les femmes avec l’âge sont sensiblement identiques à celles des hommes même si elles sont moins importantes. Nous pouvons notamment les illustrer par des référents plus socialisants pour les aînées, l’autonomie par rapport au groupe étant plus développé chez les jeunes. En définitive, on peut observer :

A travers l’âge, nous avons pu commencer à voir apparaître l’influence de l’activité professionnelle, que ce soit chez les femmes comme chez les hommes. Les adultes tout d’abord sont plus actives que les autres et leur mobilité, par exemple, s’en trouve modifiée : augmentation de la proportion des déplacements pour motif travail au détriment de la sociabilité, emploi plus généralisé des modes motorisés et moins de déplacements dans le quartier. De même, les hommes les plus âgés, inactifs, centrent leur espace pratiqué sur le quartier où ils développent un intense réseau de relations. L’activité modifie donc les relations de l’individu avec son environnement.