I - Les riches avec les riches

Globalement, les femmes pauvres habitent plus largement le centre-ville, les périphéries loties ou lointaines et le péricentre. Elles sont donc quasiment exclues des quartiers riches mais, comme l’habitat dépend généralement des revenus de l’époux, elles se répartissent dans tous les autres quartiers. Les femmes à revenus modestes habitent moins les périphéries loties et lointaines et le péricentre et logent nettement plus dans les quartiers riches (tableau 4-7).

Quartier d’habitat
Revenus
Centre Péricentre Périphérie lotie Périphérie lointaine Quartiers riches Total
Femmes            
pauvres 19 26 24 24 7 100
modestes 19 16 29 15 21 100
 
Hommes            
pauvres 16 28 21 29 6 100
modestes 20 24 31 14 12 100
aisés 17 10 33 12 28 100

Le phénomène n’est pas tout à fait équivalent pour les hommes (tableau 4-7). Les individus aisés habitent plus la périphérie lotie et les quartiers riches que les autres. Les individus modestes habitent préférentiellement aussi le péricentre mais logent moins dans les quartiers riches et en périphérie lotie. Les plus pauvres se logent quant à eux plus dans les périphéries lointaines et dans les quartiers péricentraux, ils sont quasiment exclus des quartiers riches. Notons néanmoins que 6 % d’entre eux y habitent, du fait des métiers de gardiennage qui y sont développés. Ainsi, plus les individus sont pauvres, plus leur habitat est éloigné du centre-ville.

A ce niveau, les différences hommes/femmes en fonction du revenu individuel proviennent en fait des revenus des ménages. En effet, plus de 40 % des femmes mariées pauvres ont pour époux des hommes à revenus modestes ou élevés, ce qui signifie qu’elles logent dans des quartiers d’habitation de niveau social plus élevé que ne leur permettraient leurs seuls revenus. Inversement, près d’un quart des femmes mariées et modestes a épousé des hommes aisés mais 16 % d’entre elles sont mariées à des hommes pauvres 23 . Ainsi, la composition des couples explique que les femmes pauvres logent dans le péricentre ou aux périphéries loties et que plus de femmes modestes que d’hommes modestes habitent dans des quartiers riches. Cette observation constitue un premier indice quant à l’importance du revenu de l’époux (ou du ménage) sur les caractéristiques socio-économiques féminines. En général, donc, sur toutes les variations observées en fonction du revenu individuel, les différences entre les femmes pauvres et les femmes modestes seront plus faibles que celles observées entre les hommes pauvres et les hommes modestes.

Les différences selon les revenus s’observent aussi évidemment au niveau du type de logement : plus les individus sont riches, moins ils sont hébergés gratuitement, plus ils habitent une villa et non plus une concession. Mais le taux de propriétaires augmente peu avec les revenus car, du fait des héritages, les revenus faibles et modestes ont eux aussi accès à la propriété. Ces résultats sont indépendants de l’âge puisque les hommes les plus âgés en moyenne sont les plus pauvres : ces derniers ont 46 ans en moyenne, les individus à revenus modestes 40 ans et ceux à revenus élevés 42 ans. Quant aux femmes, quel que soit leur niveau de revenus, leur moyenne d’âge est environ de 37 ans.

Enfin, les individus les plus aisés sont aussi ceux qui ont le niveau d’études le plus élevé : 62 % des hommes et des femmes aisés ont en effet effectué des études supérieures, contre 1 % des femmes pauvres et 3 % des hommes pauvres (pour l’exemple des hommes, voir graphe 4-17).

Il est donc ici net que la richesse individuelle permet d’accéder à des quartiers de niveau social plus élevé et de devenir propriétaire et qu’elle est liée à un meilleur niveau d’études.

Notes
23.

Il faut ici remarquer d’ailleurs un effet de classe sociale : les femmes qui ont des revenus que l’on ne peut plus considérer comme des revenus d’appoint (modestes ou aisés) ont moins épousé des hommes pauvres que les autres. Ainsi, le travail salarié et rémunérateur des femmes est plus développé chez les ménages dont le chef est non pauvre.