V - Des nuances apportées pour les femmes par l’étude des revenus du ménage

L’importance du revenu de ménage sur des variables telles que l’emplacement du logement ou l’équipement en modes de transport, indique que, pour les femmes 24 , indépendamment de leur niveau de revenu individuel, l’accès à des modes motorisés ou à des quartiers plus aisés du fait du revenu de l’époux influe sur les représentations et les pratiques spatiales.

Ainsi, 60 % des femmes appartenant à des ménages aisés travaillent contre un tiers des femmes appartenant à des ménages pauvres (tableau 4-10). Ces dernières sont plus souvent locataires que les autres et les deux tiers d’entre elles n’ont jamais été à l’école. Ce n’est le cas que de 40 % des femmes appartenant à des ménages modestes et de 27 % des femmes appartenant à des ménages aisés.

L’influence du revenu du ménage sur les représentations et pratiques spatiales des femmes est alors semblable à celle du revenu individuel pour les hommes : meilleure connaissance de la ville, s’accompagnant d’un découpage plus clair de Niamey en fonction de critères socio-économiques.

Pour les quartiers d’habitation, nous pouvons de même remarquer que les femmes dans des ménages modestes ou aisés désirent plus souvent déménager que les femmes dans des ménages pauvres, car elles ont, elles aussi, un désir d’ascension sociale. D’ailleurs, plus leur ménage est aisé, plus elles se projettent dans des quartiers mieux “ réputés socialement ” (les quartiers riches notamment). Les femmes des ménages aisés accordent ainsi moins d’importance aux relations de voisinage et peuvent même se classer parmi des individus à représentation urbaine attachée à la qualité du logement (idée de désir de modernisation) et rejoignent ainsi les individus dominants. Mais elle font peu référence à la ville autour du quartier car elles sont souvent inactives. Les femmes des ménages pauvres au contraire se replient sur une représentation de type villageoise et populaire.

Enfin, concernant la mobilité, outre les remarques faites précédemment, plus les ménages sont riches, plus les femmes ont un usage des véhicules particuliers du ménage, même si c’est, dans plus de la moitié des cas, en tant que passager. Elles se déplacent donc plus (un déplacement supplémentaire pour les femmes des ménages aisés par rapport aux femmes des ménages pauvres), et plus pour des raisons professionnelles. En effet on trouve, chez les femmes des ménages modestes et aisés, le plus fort taux d’actives. En outre, les emplois de ces actives sont moins liés au commerce, que l’on peut exercer au domicile ou dans sa proximité, et se situent plus dans le secteur de la fonction publique, obligeant les femmes à se déplacer plus loin (tableau 4-10). L’équipement en véhicule leur permet aussi de se déplacer hors de leur quartier puisque si plus de la moitié des déplacements des femmes aux ménages à revenus modestes ou pauvres s’effectue dans le quartier, ce n’est le cas que de 30 % des femmes des ménages aisés.

Revenus du ménage Proportion
d’actives
Proportion des actives commerçantes* Proportion des actives de la fonction publique*
Pauvre 32 77 9
Modeste 32 44 37
Aisé 59 21 67
* : part des actives du secteur par rapport au total des actives dans chaque type de ménage

Un autre nuance est à apporter chez des individus pauvres : celle relative à la notion de précarité de l’emploi chez les hommes.

Notes
24.

Rappelons qu’il s’agit ici des chefs de ménage et des épouses.